Hors les murs
Jean Dubuffet
Centre Pompidou Málaga
12 juil. - 14 oct. 2018
L'événement est terminé
C’est le titre d’une peinture de 1952, Le Voyageur sans boussole, qui donne le ton de cette exposition de Jean Dubuffet (1901-1985), artiste prolifique qui érigea le non-savoir en principe pour créer une œuvre singulière, rythmée par des séries successives. Le parcours rétrospectif déployé au Centre Pompidou Málaga met en lumière les moments forts de la trajectoire de Dubuffet à travers une cinquantaine d’œuvres majeures du Musée national d’art moderne. Les quatre sections de l’exposition rendent compte de l’audace formelle d’un artiste toujours en quête de recherches picturales novatrices.
Les premiers travaux témoignent de l’intérêt du peintre pour les dessins d’enfant, les graffitis et l’art brut, terme qu’il forge à partir de 1945 pour désigner des productions artistiques réalisées par des personnes évoluant hors de tout contexte culturel. Dubuffet renonce à tout ordre esthétique : frontalité, maladresse du dessin, liberté de la couleur caractérisent ses travaux. Sont ici présentés des gouaches sur papier issues de la série « Un voyage en métro… » ou encore des « Portraits à ressemblance extraite, à ressemblance cuite et confite dans la mémoire, à ressemblance éclatée dans la mémoire de M. Jean Dubuffet peintre », ainsi qu’ils furent décrits à l’occasion de leur présentation à la galerie René Drouin en 1947, rendant de fait ces modèles « plus beaux qu’ils croient », formule reprise de l’exposition d’alors pour désigner cette première section, qui comporte également une œuvre de la série des « Corps de dames ».
Suivront les recherches sur la matière, qui se présentent comme des visions rapprochées du sol, compris comme un tissu continu et vibrant. Ces « célébrations » du sol, menées par l’artiste dans les années 1950 et jusqu’au début des années 1960, évoquées ici en particulier avec trois ensembles de lithographies de la série des « Phénomènes » et une « Matériologie » en papier mâché, explorent « Les Turbulences de la matière », titre de la seconde section. S’entame alors un vaste cycle, « L’Hourloupe », objet de la troisième section, véritable mise en place d’un nouveau langage, fait de cellules tantôt pleines, tantôt hachurées, et recourant à un spectre coloré restreint (noir, blanc, rouge, bleu). « L’Hourloupe » occupera Dubuffet pendant douze ans, de 1962 à 1974 : ce vocabulaire s’appliquera tant aux travaux en deux dimensions qu’à l’exploration du volume et de l’architecture, jusqu’à l’élaboration d’un spectacle d’un genre inédit, Coucou Bazar, où s’animeront lentement praticables et personnages. Plusieurs séries majeures, présentées dans la dernière section, jalonnent encore le parcours de l’artiste, tels les « Psycho-sites » ou les « Mires », réinventant chaque fois une lecture du monde, qui remet en question la perception. Un ensemble représentatif de l’ultime série des « Non-lieux », à la gestuelle inclassable, vient clore cette traversée exceptionnelle du corpus de Jean Dubuffet.
Quand
9h30 - 20h, tous les jours sauf mardis
Où
Centre Pompidou Málaga, Málaga