Exposition / Musée
L'empreinte
19 févr. - 12 mai 1997
L'événement est terminé
L’empreinte, la plus vieille manière au monde de fabriquer des images. Cette exposition propose de replacer ce procédé dans le contexte du XXe siècle. Comment se fait-il que tant d’artistes, dans un siècle de grandes innovations technologiques, aient recours à ce procédé quasiment « préhistorique » qui consiste à reproduire les choses par contact ?
Cette exposition est consacrée à un ensemble d’œuvres d’artistes réalisées avec la technique de l’empreinte. Moulages de Duchamp, Pénone, Jasper Johns, sculptures de Picasso, frottages de Max Ernst, anthropométries de Klein… Environ 200 œuvres y sont présentées.
Faire une empreinte, tout le monde sait ce que c’est, tout le monde sait faire. Tout le monde, un jour ou l’autre, l’a fait, en traces de pas ou en pâtés de sable sur la plage, en doigts tachés d’encre ou en frottages de monnaies sur une feuille de papier. Partant de cet ordre d’évidence, l’exposition que nous soumettons ici voudrait, autant que possible, garder quelque chose de cette immédiateté, de cette légéreté premières – ce jeu qu’exprime assez bien la petite chanson aléatoire, « Faire une empreinte… », que Marcel Duchamp composa, un beau jour de 1913, pour lui-même et ses deux sœurs, en partant de notes tirées au hasard dans un chapeau… Les paroles, en forme d’injonction que bien des artistes au 20e siècle allaient honorer à foison, reprenaient tout simplement une définition du dictionnaire (mais en supprimant sa ponctuation, ce qui était déjà la subvertir) : Faire une empreinte /marquer des traits / une figure sur une surface/ imprimer un sceau sur cire/em> [ter] […]
Nous avons voulu susciter devant les oeuvres la simple question comment est-ce fait? Question dont la réponse, fut-elle partielle, exige que l'on s'approche, que l'on prenne un peu de temps pour regarder. Question légèrment en amont des interprétations (qu'est-ce que cela signifie?) ou des jugments (que'est-ce que cela vaut?). [La recette] dit plus ou moins comment c'est fait, elle ne dit jamais ce que cela donne. Or, ce que cela donne est - on s'en rend très vite compte - d'une diversité déconcertante.
Le mot empreinte recouvre tant de pratiques et tant de résultats différents que l’ambition ne pouvait nous effleurer un instant de faire de ce mot une catégorie unitaire, un style, un nouvel isme pour l’art du 20e siècle. La difficulté résidait plutôt en ceci que le choix des œuvres, le parcours physique dans l’exposition, l’énoncé des différentes sections qui la composent, puissent respecter, autant que faire se peut, l’ouverture et la polyvalence extraordinaires des procédures d’empreinte.
D’après Georges Didi-Huberman et Didier Semin, Extrait du catalogue d'exposition in Le Magazine, n°97, janvier-février 1997
Quand
tous les jours sauf mardis