Exposition / Musée
Prix Marcel Duchamp 2017
Les nommés
27 sept. 2017 - 8 janv. 2018
L'événement est terminé
Le Centre Pompidou invite les quatre finalistes du prix Marcel Duchamp à exposer dans ses espaces. Maja Bajevic, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Charlotte Moth et Vittorio Santoro, dont les œuvres sont déjà entrées en collection au Centre Pompidou, ont dû imaginer des productions inédites. Avec cette présentation collective, l’Adiaf et le Centre Pompidou donnent au public l’occasion de poser un regard sur la scène artistique en France, tout en découvrant les recherches et l’œuvre de chacun d’entre eux. Cette présentation collective porte cette année sur la nature de l’image, la poétique de l’archive, la généalogie cachée de l’objet comme des mots.
Maja Bajevic
L’aura mélancolique de l'installation et le son presque hypnotisant dont nous ne reconnaissons que quelques notes nous immergent dans un univers du passé. Comme dans un souvenir à peine oublié qui nous échappe au moment précis où nous pensions pouvoir nous en ré-emparer. C'est un désir laissé à l'oubli, un désir que nous ne désirons pas ou plus. Au centre de l'installation se trouve une étagère de laboratoire où sont disposées 32 ampoules de différentes sortes. Elles clignotent en code Morse, mystérieux et familier, récitant des textes liés à des utopies oubliées ou écartées. Elle semble être là, abandonnée depuis longtemps, et la nature se l'est appropriée. L'installation s'inscrit dans la pensée d'Archéologies du futur de Fredric Jameson. Comme le dit Tanguy Wuilleme : « Si le capitalisme tardif a déjà hypothéqué le passe, il en fait autant du futur qu’il aseptise par le progrès et l’innovation technologique. A ce futur de la mondialisation, ou tout se prête au statut de marchandise et de profits, outout semble prédit, l’utopie peut offrir un effet perturbateur du présent. »
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige
« Dans la continuité de notre recherche sur l’écriture de l’histoire et la construction des imaginaires, le projet Discordances/Uncomformities détourne et déploie la technique de prélèvement d’échantillons du sous-sol terrestre, appelé carottage. Avec l’aide d’archéologues, d’historiens, de géologues et de dessinateurs, explorant diverses modalités visuelles, nous cherchons à raconter certaines histoires et transformations de notre monde. Que perçoit-on des traces de l’histoire enfouies sous nos pieds, des catastrophes et des ruptures? Tout est aplani, enfoui, recouvert, puis tout recommence. Ce sont des cycles constants, de destructions et de constructions. On mélange, on efface, on recycle les mêmes pierres, on détruit. Du détail, du micro au plan d’ensemble, nous avons besoin de ces rapports d’échelle », racontent les deux artistes. Discordances/Uncomformities désigne, en géologie, des surfaces prises entre plusieurs strates. Elles correspondent à des intervalles manquants dans la chronique du temps, à des ruptures et des discontinuités qui en disent long sur l’évolution de la Terre. L’histoire ne se lit plus simplement comme une sédimentation mais comme une fabrique d’actions mélangeant traces, époques et civilisations..
Charlotte Moth
« Différents scénarii me sont venus en tête alors que je réfléchissais à une proposition pour l’exposition. Je suis curieuse de voir comment nous allons représenter quatre (voire cinq !) voix différentes. Pour moi qui travaille sur l’architecture et les espaces sociaux, le Centre Pompidou est un musée iconique. J’ai été immédiatement tentée de prendre en compte la polysémie du lieu en tant que site physique, mais aussi comme cadre conceptuel », déclare l’artiste. Dans son installation, elle poursuit sa réflexion sur la sculpture et son rapport à l’espace et à la lumière hérité du modernisme. Plusieurs sculptures issues des réserves municipales de la Ville de Paris trouvent une nouvelle vie dans un récit spatio-temporel inédit proposant, en creux, une autre histoire de l’art : dans l’espace d’exposition, la sculpture publique se fait sculpture intime.
Vittorio Santoro
L’artiste raconte : « La première fois que j’ai vu le Centre Pompidou, j’avais 16 ans et je ne savais pas ce que ‹ c’était ›. J’étais arrivé par train de nuit, gare de l’Est. J’étais fasciné par le bâtiment. Des gens aux intérêts et aux envies très variés se croisaient, restaient et vivaient sur la Piazza comme dans le Forum. Aujourd’hui encore, il est à mes yeux une plate-forme de rencontres inattendues et de temporalités hétéroclites, un lieu dont on peut s’imprégner. J’inscris mon travail dans cette sphère. Pour le prix Marcel Duchamp j’ai imaginé une installation, Une porte doit être ouverte ou non fermée, qui fonctionne comme un cheminement chronologique, une procession et un rite initiatique. Ces pièces sont des moments sculptés, construits à partir de formes familières et de paradoxes subliminaux. Ce rite silencieux amène les spectateurs loin du langage, là où les contradictions entre le vécu et la pensée commencent à surgir : un lieu ouvert. L’installation s’étend également en dehors de l’espace d’exposition du Centre Pompidou, dans Paris, en neuf points différents. Je souhaite que l’expérience du spectateur dépasse toute clôture, qu’il sente que parcourir le lieu, dedans ou dehors, l’implique, que ce n’est pas neutre. »
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis