Cinéma / Vidéo
Tania Bruguera / Arte de Conducta
24 avril 2006
L'événement est terminé
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Soirée diffusée en direct sur internet.]
Plasticienne, performeuse, vidéaste, Tania Bruguera est née en 1968 à Cuba.
Elle vit et travaille à la Havane, ainsi qu'aux Etats-Unis, où elle enseigne à la "School of Art Institut of Chicago". En 2002, elle fonde et dirige à l'Institut Supérieur d'Art de la Havane le premier programme d'étude d'Amérique
Latine consacré à la performance, "Arte de Conducta". Elle est l'auteur de nombreux écrits et fondatrice de la revue Memoria de la Postguerra, revue artistico-politique censurée par le régime castriste pour ses positions critiques. Son œuvre se compose de séries de performances, d'objets, d'installations et de vidéos, parmi lesquels la Homaje à Ana Mendieta, El Peso de la Culpa, Dedalo o el Imperio de Salvacion, et plus récemment Poetic
Justice. Elle utilise le corps comme support et véhicule de son discours artistique et politique. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions internationales, notamment à la Documenta XI de Kassel en 2002, ainsi qu'à la Biennale de Venise en 2001 et 2005. En avril 2006, une exposition personnelle lui sera consacrée à la Kuntshalle de Vienne (Autriche).
PAIS MIO,TAN JOVEN, NO SABES DEFINIR !
2001 / 8'/ nb / muet
NADIE PUEDE SALIR, NADIE PUEDE SALIR !
2001 /10'/ nb / muet
Ces deux œuvres font partie d'une série de huit bandes intitulée La isla en peso, également présentées sous forme d'installation. Cette série fait référence au poème de Virgilio Pinera, écrivain et poète cubain né à la Havane en 1912, interdit de publication dans son pays jusqu'à sa mort en 1979. Ce long poème évoque de manière forte la lourdeur du sentiment d'insularité et l'impossibilité de s'échapper d'une île. Il ne s'agit pas pour Tania Bruguera d'illustrer ce poème, écrit en 1943, mais plutôt de faire resurgir, plus de soixante ans après, un ensemble de sensations encore persistantes en réinterprétant le langage poétique en métaphore physique et visuelle. Comme les autres bandes cette série, Pais mio, tan joven, no sabes definir ! et Nadie puede sali ,nadie puede salir ! sont construites selon le même principe : d'abord le titre (un vers du poème de Pinera), puis apparition du visage de l'artiste, suivi de l'accomplissement d'une action à la fois physique et symbolique en relation avec le titre de la séquence : se tordre la bouche avec les mains jusqu'à la défiguration, s'empoigner par la chevelure pour se renverser la tête et basculer en arrière. L'utilisation du gros plan, du ralenti et du noir et blanc accentue la dimension performative de ces deux
œuvres ainsi que leur puissance d'évocation.
EL PESO DE LA CULPA
1999 / 9'34''/ nb / muet
El Peso de la Culpa (le poids de la faute) est une réactualisation symbolique du suicide collectif qui fut commis selon la légende par les populations indiennes, après que les Espagnols, ayant conquis Cuba, les aient réduits en esclavage. Cette performance a été réalisée pour la première fois dans la maison de l'artiste à la Havane en mai 1997, et "rejouée" par la suite dans de nombreuses manifestations à l'étranger. Vêtue d'une carcasse de mouton, l'artiste mélange dans sa main de la terre, du sel et de l'eau, formant de petites boules qu'elle porte ensuite à la bouche. "Comer Tierra" (manger de la terre) est une expression idiomatique cubaine employée dans des situations désespérées pour lesquelles il n'existe aucune échappatoire. Réactualiser cette ancienne légende est aussi un moyen de parler du contexte social et politique à Cuba aujourd'hui, et plus généralement des rapports de pouvoir et de domination.
Quand
À partir de 18h30