Exposition / Musée
David Hockney
Espace / Paysage
Sur une surface d'environ 1000 m2, l'exposition David Hockney, Espace/Paysage réunit une cinquantaine d'ceuvres (peintures, photographies et installation), des années soixante à aujourd'hui, relatives au paysage qui, depuis une date récente, est au coeur des recherches du peintre anglais.
Etre artiste pour David Hockney, « c'est recycler, arpenter et condenser l'Histoire de l'art ». Cette exposition, à travers trois grands ensembles montrera comment David Hockney a toujours pour souci d'intégrer dans ses oeuvres les recherches et expérimentations de ses contemporains tant dans le domaine plastique que spéculatif.
Les premiers paysages américains peints par l'artiste recourent à des solutions plastiques directement issues du Pop Art. Ainsi, Rocky Mountains and Tired Indians (1965) juxtapose les clichés folkloriques de l'ouest américain à la façon d'un collage. Jusqu'au milieu des années soixante-dix, le dialogue ironique et critique qu'il établit avec la peinture formaliste, les relations étroites que son art engage avec l'hyperréalisme, marquent ses paysages d'un souci rigoureux de planéité qui le conduit même, un temps, à délaisser ses brosses au profit du rouleau. Comme nombre de ses tableaux peints au milieu des années soixante, A Bigger Splash est bordé par un cadre blanc peint sur la toile elle-même. Cet artifice qui, se référant à la photographie ou à l'édition, souligne le caractère artificiel, plat de ses images, en autorise par contrecoup un plus grand réalisme. Dans la série des grands doubles portraits des années soixante-dix, David Hockney réintroduit la profondeur en recourant à une construction perspectiviste des plus traditionnelles. Le Parc des sources, Vichy (1970) constitue l'aboutissement d'une série d'ceuvres qui renouent avec cet espace classique.
Au milieu des années soixante-dix, David Hockney cherche les voies d'une possible sortie du naturalisme qu'il vient d'expérimenter avec ses grands doubles portraits. Un véritable tournant s'opère en 1975 avec Kerby, oeuvre inspirée d'un frontispice gravé par William Hogarth pour un manuel destiné aux apprentis perspectivistes. Cette interprétation de l'ceuvre de Hogarth conduit David Hockney à explorer des solutions inédites pour suggérer l'espace. Le motif de la chaise qu'il interprète au milieu des années quatre-vingt, lui permet d'expérimenter un système de « perspective inverse » qui projette le point de fuite de la composition derrière le spectateur. Cette construction permet à David Hockney de concevoir des tableaux qui sont comme autant de pièges optiques qui se referment sur les spectateurs. Au milieu des années quatre-vingt, la pratique de la photographie révèle à l'artiste les moyens d'une réinterprétation du cubisme. Ces solutions, qui lui permettent de concevoir l'espace ondoyant de A Walk around the Hotel Courtyard, Acatlân (1985) remettent radicalement en cause la notion de perspective classique.
Enfin, les peintures abstraites (Very New paintings) du début des années quatre-vingt-dix ouvrent une troisième étape des recherches de Hockney dans les domaines de l'espace et de son application à la peinture de paysage. Ses expériences de décorateur d'opéra trouvent une application figurative dans les paysages de sa région d'origine, le Yorkshire, qu'il peint pendant l' été 1997. Cette série de peintures s'avère aussi une célébration.
Pour l'exposition du Centre Georges Pompidou, l'artiste a conçu deux vastes panoramas du Grand Canyon américain, dans lequel se lisent à la fois les leçons de Thomas Moran (1837-1926), peintre comme lui originaire du Nord de l'Angleterre, et celles des spéculations de Picasso sur un espace polyfocal, celles enfin du chromatisme fauve. D'une dimension imposante (207 x 744,2 cm), ces oeuvres, composées de soixante toiles, appliquent à la peinture les leçons des collages photographiques des années quatre-vingt.