Exposition / Musée
L'esprit rationaliste des années 20 et 30
Architecture et design dans la collection du Mnam/Cci
16 nov. 1994 - 16 janv. 1995
L'événement est terminé
Une sélection d'œuvres de ses collections, représentatives du courant rationaliste qui, dans les années 1920-1930, concerna tous les domaines de la création. Projets d'architecture et d'aménagements intérieurs, mobilier et création d'objets ont été réunis et mis en référence avec des œuvres d'art.
L'entre-deux-guerres voit éclore nombre de mouvements internationaux, en quête de modernité, synonyme de purisme. Depuis le mouvement De Stijl jusqu'au Bauhaus, en passant par l'Union des Artistes Modernes, projets théoriques et réalisations apparaissent comme autant de manifestes.
La rigueur formelle caractérise la démarche des adeptes du mouvement De Stijl. En témoignent les sièges de Gerrit Rietveld, de réalisation artisanale
au début (la "chaise militaire" en bois de 1923), industrielle par la suite (les sièges "Beugel" à structure tabulaire de 1927) ; le projet de Cité ouvrière de J.J.P. Oud (1924-1927) procède d'une même rigueur. Celle-ci est également la signature de l'école du Bauhaus, représentée dans l'exposition par les sièges de Breuer (comme la chaise "Lattensthul" de 1922 ou le fauteuil "B3" de 1925), auxquels on peut joindre ceux en porte-à-faux, MR10 ou MR20 (1927), MR50 dit "Brno" (1929) dessinés par Mies Van der Rohe, et la fameuse lampe conçue par Wilhem Wagenfeld en 1923.
En France, les années vingt sont marquées par l'émergence du mouvement moderne en rupture avec l'Art décoratif. Cette évolution est perceptible chez Mallet-Stevens dans la distance qui sépare ses dessins de 1922 pour "la Cité moderne" de ses projets de style international. C'est la même évolution qui porte Eileen Gray à faire de sa maison "E 1027", construite en 1928, un laboratoire de mobilier minimaliste dont les éléments les plus marquants étaient exposés. Avec Pierre Chareau, le mobilier, déjà épuré pour tendre à la seule fonctionnalité, connaît avec l'usage du métal une géométrie encore plus absolue. La présentation de la maquette de grande dimension de la "maison de verre", édifiée à Paris entre 1928 et 1932, restituait la richesse d'invention de Chareau. Un ensemble exceptionnel de lampes de Jacques Le Chevalier, créées entre 1927 et 1930, montrait la consécration de l'usage du métal, ici de l'aluminium, dans les arts de la maison.
Mallet-Stevens, Pierre Chareau et Eileen Gray adhèrent à l'Union des Artistes Modernes, rejoints notamment par Jean Prouvé, Charlotte Perriand, Paul Nelson. La "maison suspendue" de Paul Nelson, projetée en 1936, et la "maison de la publicité" (1935) d'Oscar Nitzchke sont l'une et l'autre issues d'une réflexion analogue à celle requise par la réalisation de la "maison de verre". Nelson s'attache par ailleurs aux transcriptions dans le domaine de l'habitat, d'expériences faites à l'occasion des programmes d'hôpitaux qu'il a eu à développer (à Lille en 1932 et à Ismaïlia en 1934) et Nitzchke à l'industrialisation du bâtiment (maisons métalliques) ; ensemble, ils étudient, associés à Frantz-Philippe Jourdain, un "palais de la découverte". L'intégration du mouvement dans le meuble est présente aussi bien dans les recherches de Jean Prouvé quand il conçoit sa chaise articulée (1924-1927) ou son fauteuil basculant (1930), que dans la table extensible (1928) de Charlotte Perriand. L'UAM s'est exprimée à travers les pages de nombreuses revues attentives à ses activités : "Acier", "l'Architecture d'Aujourd'hui" dont les couvertures furent souvent signées par l'un de ses membres : Cassandre.
L'exposition met l'accent sur la synthèse entre arts plastiques et arts appliqués recherchée par les membres du Bauhaus comme par ceux de De Stijl et de l'UAM. Les esquisses du peintre et architecte hollandais Théo Van Doesburg pour l'aménagement de l'Aubette à Strasbourg, réalisée en 1926, illustrent parfaitement cette synthèse. Les architectes travaillent sur la polychromie des parois et des sols et dessinent l'ensemble comme l'accessoire. Plasticien influencé par Mondrian et le néo-plasticisme, Jean Gorin tente de son côté d'appliquer ses recherches chromatiques aux surfaces entières des pièces d'appartement ou des façades d'immeubles.
Le parcours de l'exposition est ponctué d'œuvres d'artistes parmi lesquels Robert Delaunay, Fernand Léger, Etienne Béôthy, Piet Mondrian, Laszlo Moholy-Nagy, etc., dont les démarches s'inscrivent durant la période 1920-30 dans la tendance rationaliste. Certains d'entre eux sont des acteurs essentiels des mouvements et écoles présentés. Ainsi Piet Mondrian et le mouvement De Stijl ; Laszlo Moholy-Nagy et le Bauhaus ; Fernand Léger, Etienne Béôthy et l'Union des Artistes Modernes.
L'exposition présente une trentaine de dessins d'architecture et d'architecture intérieure, une quarantaine de meubles et objets divers, une quinzaine de revues d'époque, de peintures et de sculptures.
Quand
12h - 22h, tous les jours sauf mardis