Exposition / Musée
La Mente che mente (L’esprit qui ment)
Une installation de Pippo Delbono

L'événement est terminé


Pippo Delbono présente La Mente che mente (L’esprit qui ment), une installation inédite, créée exclusivement pour le Centre Pompidou, après l’exposition Ma Mère et les autres, à La Maison rouge, en 2014. Elle retraverse l’ensemble de son travail, au rythme de souvenirs et de rencontres.
L’artiste italien écrit dans son dernier livre, Le Don de soi, « Ce qui me fait le plus souffrir, à présent, c’est la difficulté d’être dans la vie observateur de ma propre pensée. Je me bats contre ce « mental qui ment ». C’est un dur labeur. Le plus difficile de ma vie. Plus difficile que tous les combats que j’ai remportés, contre la maladie, les yeux, les pertes. Il faut bien plus de forces pour guerroyer avec soi-même que pour guerroyer contre les démons extérieurs. ».
Cette installation, qui évoque la figure du labyrinthe, est une invitation au cheminement, une immersion dans la création expérimentale, un parcours émotionnel pour le visiteur, invité à traverser le doute, la souffrance, avant de ressentir la joie.
Constituée de films inédits, de bandes-son, d’enregistrements originaux et d’archives personnelles de Pippo Delbono, de textes écrits ou extraits de déclarations, de spectacles, d’interviews, de photos et d’images diverses, les éléments de l’exposition traceront un portrait singulier de l’artiste.
Vernissage le 5 octobre à partir de 18h30, en présence de l'artiste
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis
Où
Entretien avec le réalisateur
Vous êtes mondialement reconnu en tant que metteur en scène de théâtre. Quel est l’apport du cinéma dans votre travail ?
Pippo Delbono - Le cinéma me permet de chercher ce que je ne vois pas autrement, de découvrir les détails, les choses qui nous échappent. Il me permet souvent de capter l’âme des gens en m’approchant avec les yeux, de regarder les paysages, de changer de couleurs, de rester dans un temps hors du temps, dans un espace à part. Le cinéma me permet de regarder au-delà de moi-même, de me concentrer sur l’autre.
Vous présentez La Mente che mente au Forum -1, une installation inédite, comment vient-elle compléter votre travail ?
PD - Ce qui compte pour moi aujourd’hui, c’est l’expérience collective avec le public. Je l’invite donc dans le parcours labyrinthique que je crée ici, symbolisant « la mente », l’esprit, dans lequel il y a des souvenirs, des peurs, des obsessions, de la douceur, de l’amour, de la haine. Les contraires cohabitent dans nos esprits, le beau et le laid, le bon et le mauvais, la lumière et l’obscurité, la course, l’impatience, la haine, l’amour. Mille pensées passent à travers nous tout le temps et nous ne pouvons pas les arrêter. Je pense avec le cerveau, avec la réflexion, avec l’analyse, avec l’intuition, avec les sentiments, mais je pense aussi avec les yeux, les oreilles, le toucher, le corps, les pieds, les mains, je pense avec l’écoute de moi-même et des autres, je pense avec l’amour. Dans des moments de vie anxieux, fragiles, il est plus difficile d’organiser nos mille pensées, elles ressemblent à la musique de Stockhausen ou de Zappa, au violon de Paganini où les notes se poursuivent, se chevauchent. Ce parcours inspiré d’un labyrinthe cherche à faire vivre une expérience sensorielle et auditive au visiteur. Un voyage musical à l’intérieur de l’esprit, menant enfin à une paix « intranquille », une paix où vivent ensemble la guerre et l’amour.
Vous êtes entouré d’une troupe, certains membres sont présents à vos côtés au Centre Pompidou, pouvez-vous nous parler d’eux ?
PD - Tous les acteurs de la compagnie font partie intégrante de mon voyage. Bobò en particulier a été le protagoniste de tous mes spectacles, opéras, films et même certains concerts. Il a vécu quarante-cinq ans dans un asile psychiatrique, il est sourd et muet, analphabète. Nelson vient de la rue, nous nous sommes rencontrés lors d’un séminaire pour les sans-abri. Gianluca, qui était un élève de ma mère, est venu travailler avec moi, il porte les signes d’une beauté extraordinaire, dictée par le fait que la joie et la douleur coexistent constamment en lui. Tous se sont échappés de quelque part, Pepe de la dictature de son pays, Mario de sa carrière de psychologue, Ilaria s’est enfuie d’une école de théâtre, Simone d’un petit village du Piémont. Tous ont fui quelque chose qui les maintenait un peu en prison et cette compagnie est devenue pour eux, je l’espère, le lieu d’expression d’un désir de liberté.
Source :
in Code Couleur n°32, septembre-décembre 2018, pp. 56-57
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