Samuel Beckett

Par Tanguy Viel, écrivain et Michel Gauthier, critique d'art.

« Cher Michel,

Je n'ai pas encore commencé à rédiger mon intervention sur Beckett. Je pensais faire un objet très simple, un peu comme la lettre que j'avais "écrite" à Marcel Duchamp il y a deux ans dans le même cadre. Je pensais même en reprendre le procédé (« cher Samuel, etc. »). Je sais aussi que je voudrais parler de cette ombre à la fois menaçante et réjouissante du "rien" pour qui se lance à écrire après Beckett, a fortiori sur Beckett, et aussi du point de non-retour qu'est Beckett. Je me dis qu'on ne peut que « revenir » après, que depuis Beckett, l'écriture a quelque chose de fantôme, alors je pourrais peut-être tisser quelque chose entre ça et le personnage de Buster Keaton dans Film. » Tanguy

« Cher Tanguy,

Ta proposition me convient d'autant mieux que, pour ma part, je souhaiterais, voir comment Film, l'œuvre cinématographique d'un écrivain, rencontre les préoccupations les plus singulières de l'art de l'époque en posant la question de la forme du rien, du zéro, c'est-à-dire, pour reprendre le terme que tu emploies, en se demandant comment habiller les fantômes. » Michel

Tanguy Viel a publié quatre romans aux Editions de Minuit : Le Black Note en 1998, Cinéma en 1999 et L'absolue perfection du crime en 2001, Insoupçonnable, 2006.

Michel Gauthier est l'auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l'art et à la littérature. Il a récemment publié, Tic tac, deux sièges et un concombre des mers (Mathieu Mercier, Zurich, JRP Ringier) ;

L'irréel du présent, (Delphine Coindet, Dijon, Les Presses du réel) ;

Le temps des nécromants, (Fresh Théorie 2, Paris, Leo Scheer) ;

Inspirez, expirez. Hugues Reip et le battement et Puissance 3. Jeppe Hein et le cube minimaliste, dans le premier numéro de la revue 20/27.

Il est inspecteur de la création artistique à la Délégation aux arts plastiques, Ministère de la Culture et de la Communication, et collabore régulièrement aux Cahiers du Musée national d'art moderne, où il vient de publier Un trou dans la vue. Robert Smithson, Mirror Vortex, 1964.