Exposition / Musée
Reinhard Mucha
24 sept. - 14 déc. 1986
L'événement est terminé
Cette exposition itinérante est consacrée à l’artiste allemand Reinhard Mucha.
La présentation des œuvres de Mucha dans les Galeries contemporaines, puis, simultanément dans les Kunsthalle de Berne et de Bâle (avec quelques modification dans le choix des pièces pour des raisons évidentes d’espace disponible) doivent être envisagées non pas comme les étapes successives d’une exposition « clefs en main » mais comme deux parcours possibles dans un travail qui a déjà fait les preuves d’un art consommé de la mise en scène. Pour Mucha en effet, le problème de la figure et du fond, de l’œuvre et de son lieu, est celui de l’art et de l’ordre des choses. Une exposition n’est pas l’arrangement plus ou moins contingent d’objets sur les murs et dans l’espace mais la définition d’une situation particulière, avec des coordonnées physiques et mentales précises.
L’œuvre de Mucha qui s’organise autour de pièces majeures – Wartesaal (Salle d’attente) 1982, Der Bau (le Tunnel) 1985, Figur/Barock 1985, Wasserstandsmeldung (Niveau d’eau) 1986 – offre une remarquable cohérence et sait encore échapper au système, même si l’on peut observer par ailleurs l’utilisation de matériaux de prédilection (verre, bois, métal, feutre), certaines récurrences et stratégies formelles (vitrines-écrans) voire des obsessions.
Mucha procède par déplacements subjectifs de la fonction et du territoire spécifiques d’objets appartenant à l’environnement quotidien (buffet, chaise, armoire) ou au décor urbain (abris de jardin, tubes fluorescents empruntés à l’architecture fonctionnaliste et au high-tech qui uniformisent l’Allemagne de la reconstruction, etc.) ; il entretient le doute et le soupçon entre objet trouvé, récupéré et transformé, et objet standardisé de fabrication industrielle ou en adoptant savamment l’apparence (panneaux de verre ou structures en bois méticuleusement peints). […]
Sa démarche obéit à une volonté ironique de dépassement de l’objet, une critique des formes et du statut actuels de l’œuvre d’art. […] Œuvre « sans socle » (comme on dirait « sans filet ») ou plus exactement dans laquelle le socle est, au propre comme au figuré, le contexte. On peut dire alors que Mucha travaille le cadre, les marges et les limites, l’écart fragile entre l’œuvre d’art et l’objet anonyme, entre l’étrange et le familier ; réflexion sur l’expérience esthétique bien dans la tradition allemande, de Heidegger (l’Origine de l’œuvre d’art) à Benjamin (L’Oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique).
D’après Catherine David, CNAC magazine, n°35, 15 septembre-15 novembre 1986
Quand
tous les jours sauf mardis