Cinéma / Vidéo
Florence Lazar
PRVI DEO
26 nov. 2007
L'événement est terminé
Séance présentée dans le cadre du Mois du Film Documentaire
Photographe, Florence Lazar réalise des vidéos depuis 1999 sur la situation d'après-guerre en ex-Yougoslavie.
« Le passage d'une pratique à l'autre a coïncidé avec les événements liés aux guerres en ex-Yougoslavie, et a changé tant mon outil de travail que mon sujet.
Les films vidéo questionnent les conditions de regard, de perception d'une actualité dans son contexte. Enregistrés directement sur le terrain, en ex-Yougoslavie, en Serbie, au Monténégro et en Croatie, ils traitent de l'événement comme un étirement de l'actualité et de sa possible traduction. Ces vidéos construisent des espaces de parole. Elles sont l'émergence d'une parole intime, mais aussi politique et minoritaire. » F. L.
Florence Lazar est née à Paris en 1966, où elle vit et travaille.
Une exposition de ses oeuvres intitulée « Ja volim vas, ja volim vlast / Je vous aime, j'aime le pouvoir » est organisée au centre d'art « Passerelle » à Brest du 13 novembre au 22 décembre 2007.
Prvi Deo de Florence Lazar et Raphaël Grisey
2006 / Vidéo / coul. / son / 85'
Le film s'est construit dans l'actualité d'un procès à Belgrade, en Serbie, de mars 2004 à novembre 2006. À Belgrade nous avons suivi sporadiquement le procès que nous ne pouvions pas filmer pour y rencontrer les protagonistes.
Nous nous sommes intéressés à un groupe qui venait régulièrement au procès et qui avait été touché directement par le massacre, par la perte d'un ou de plusieurs de leurs proches.
L'objet du film n'est pas de rendre compte directement du déroulement du procès mais de le donner à voir comme un instrument de remémoration et comme un processus lent d'établissement des faits. Vukovar et Belgrade sont deux lieux où la réalité et la représentation de la guerre ont été différentes, incompatibles et restent non réconciliées.
Le film articule plusieurs registres de parole, et particulièrement celles des familles des victimes présentes au procès. Tout d'abord le film est parcouru par une voix solitaire. À Vukovar, dans l'espace intime d'une voiture roulant de nuit à travers la ville natale, la voix hors champs de la conductrice nous montre des traces invisibles au premier regard dans le paysage. Seule la voix de la conductrice porte l'imaginaire et le réel de cette guerre.
Ensuite, dans ce qui forme le premier temps du film, les familles des victimes qui suivent le procès prennent la parole collectivement. Ce groupe de familles de victimes sont les témoins indirects du massacre et les témoins directs du siège de la ville de Vukovar. Le procès qu'ils suivent régulièrement constitue pour eux un moyen de chercher des indices qui leur permettraient de retrouver les corps de leurs proches. C'est dans le contexte du procès que se construisent des cadres d'émergence de la parole où le rapport de chacun à ce qui lui reste peut de nouveau être convoqué. La caméra a recueilli lors de discussions les errements de la parole, les tentatives de rassembler des
éléments pour fournir des preuves, l'évocation collective des parcours possibles de leurs proches et leurs ultimes faits et gestes, l'évocation du passage à la violence et des prémisses du massacre. Ces souvenirs de 1991, ces observations et ces remarques sur le déroulement du procès ont été filmées dans des chambres et le hall d'un hôtel belgradois. Belgrade semble hostile et inquiétant pour la plupart les familles qui ne sont pas revenu ici depuis l'avant-guerre.
À la parole des familles, s'ajoute d'autres voix comme celle tout d'abord d'un avocat à décharge et celle d'une avocate à charge. Par ce biais les enjeux du procès et la corrélation complexe entre le système judiciaire national et le tribunal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye sont évoqués.
Deux scènes, une dans la salle des disparus à Zagreb et l'autre sur le lieu du crime, entre un camion et des planches, où se rencontrent des protagonistes donnent du corps et une concrétude à l'événement tout en évoquant le procès de l'extérieur. Elles font intervenir respectivement un ancien colonel croate responsable de l'identification des corps et un témoin direct, victime de mal traitements.
Le contexte serbe et sa relation avec l'ancienne centralité yougoslave est évoqué brièvement par quelques plans : la place de la république, le sanctuaire de Tito, une brève image d'archive et le jardin de Kalimegdan à Belgrade.
Le procès réactualise l'événement, l'établissement des faits soulève des enjeux politiques en Serbie.
À partir de la restitution d'histoires personnelles et fragmentaires se découvre la macro histoire du démantèlement de la Yougoslavie. Le film traduit à travers différents registres narratifs ces processus lents en cours dans la région. Le film propose un parcours mental, où les représentations de la guerre sont évoquées à partir de ceux qui ont perdu leurs proches.
Le verdict a été rendu le 12 décembre 2005. La peine maximale de 20 ans a été requise pour 8 accusés sur 16.
En décembre 2006 ce verdict a été cassé par la cour suprême de Serbie.
Le procès est à nouveau en cours à Belgrade, sans la présence des familles des victimes.
Quand
À partir de 18h30