Exposition
Voir la guerre et faire la paix
20 janv. - 26 févr. 2023
L'événement est terminé
© Joseph Joseph / ECPAD
Bombardements vus d’une fenêtre, chars volés par des tracteurs, jeunes qui courent dans les rues détruites… Chaque jour, chaque heure, de nouvelles images arrivent sur les réseaux. Ces images, tremblantes, parfois sombres, aux cadrages imparfaits, sans montage témoignent de ce conflit en direct sur nos écrans. On assiste à une transformation de la représentation de la guerre, où l’image amateur prédomine. Ces images prennent place dans nos quotidiens. Existe-t-il la même évidence pour les « images de paix » ? Est-ce justement parce que la paix n’est pas représentée qu’elle ne peut être envisagée ?
© Joseph Joseph / ECPAD
La 18e édition du festival Hors Pistes questionne les nouvelles représentations de la guerre mais tente également de répondre aux enjeux de représentation de la paix, sous toutes ses formes, éphémères, imaginaires ou virtuelles.
Avec les œuvres de Thibault Brunet, Orianne Ciantar Olive, Arnaud Dezoteux et Celsian Langlois, François Fontaine, Kapwani Kiwanga, Émeric Lhuisset et Hélène Mutter.
Œuvres exposées
Minecraft Explorer, 2023
Thibault Brunet
Installation, vidéos numériques couleur, sonore, conférences
Le jeu Minecraft Explorer est un monde en accéléré : les journées s’écoulent en vingt-quatre minutes, on peut tout y faire : se promener, nager, manger, interagir avec d’autres personnages. L’évolution du jeu étant autonome et auto-générée, essayer de comprendre les règles régissant ce monde caricatural permet de mieux appréhender le nôtre. L’objet du projet Minecraft Explorer est de mettre à l’épreuve les modalités d’interaction entre mondes réel et virtuel. Pour Hors Pistes, Minecraft Explorer se compose de trois missions d’exploration scientifiques virtuelles organisées par Thibault Brunet avec Bénédicte Fontaine, Eve Ben-Haïm et Maud Hoestlandt.
Ces insolites échappées numériques vont explorer les notions d’ennemi, de fraternité, de territoires et de frontières, principaux enjeux de guerres et donc de paix.
À Cœur, 2023
Orianne Ciantar Olive
Installation immersive : photographies, vidéos et son.
Durée : 45 min
À Cœur est une installation immersive d’Orianne Ciantar Olive qui met en forme la recherche, la réception puis la diffusion de photographies dites du quotidien, accompagnées de témoignages sonores, en provenance de jeunes civils pris au piège de la guerre en Ukraine. À la manière d’un hacker qui capte et détourne l’information, l’émotion, les réactions et les opinions, le smartphone, objet indispensable à la création du projet, se place au centre de l’œuvre, protégé par un cube de verre garantissant une transparence effective et métaphorique. Connecté tout au long de l’exposition, il émet le son des notifications des réactions du public qui interagit en direct via son propre smartphone. Création originale conçue dans le prolongement de @Stuck_in_here, compte Instagram développé aux premiers jours du conflit, l’intention de l’artiste est de solliciter l’engagement du public. En le plaçant à la fois comme témoin et acteur, en faisant évoluer l’installation au fil de l’actualité, en diffusant des images transmises depuis le cœur de la guerre sans aucune image de guerre, c’est l’expérimentation d’un décentrement du regard.
Tractations, 2023
Arnaud Dezoteux et Celsian Langlois
Installation multicanale vidéo et sonore, boucle
Une coproduction du Centre Pompidou et Glassbox
Les artistes Arnaud Dezoteux et Celsian Langlois enregistrent les séquences et les pistes-son du jeu de rôle grandeur nature Les Légendes d’Hyborée, auquel ils prennent part. Tractations en propose une version sous forme d’installation, composée de bribes de discussions, de fragments de négociations politiques ou de banalités du quotidien ; les situations enregistrées révèlent la nature polyphonique et éclatée de la guerre. Le public se retrouve au centre d'un jeu complexe et non polarisé, où les joueurs vivent le récit en même temps qu'ils l’écrivent.
Witness, 2017
François Fontaine
Tirages photographiques numériques
La série Witness, de François Fontaine, se construit comme un reportage de guerre fictif qui met en exergue la confusion des images. Ces photographies puisent autant dans l’information réelle véhiculée par les reportages d’actualité et les films que dans la réalité virtuelle des jeux vidéo. Pensées par l’artiste comme un contrepoint des images en mouvement, ces images fixes sont réalisées dans un style volontairement flou et intemporel. Faisant écho aux troubles mémoriels et aux traumatismes subis par les civils et les militaires au cours de ces conflits, elles renvoient par leur symbolique à l’universalité iconographique de la guerre.
Flowers for Africa
Kapwani Kiwanga
Le projet Flowers for Africa a été initié en 2013 par Kapwani Kiwanga et se poursuit aujourd’hui. En effectuant des recherches iconographiques, l’artiste s’est concentrée sur la présence des fleurs lors d’événements diplomatiques liés à l’indépendance de pays africains. Disposées sur les tables des négociations, sur les estrades lors d’allocutions, ces compositions florales deviennent des témoignages ambigus de ces moments historiques. Chaque œuvre de la série prend la forme d’un protocole selon lequel l’artiste demande à son détenteur de recréer, pour pouvoir l’exposer, la composition florale de l’image d’archive de référence aussi précisément que possible, avec l’aide d’un fleuriste, en intégrant une part inévitable d’interprétation. Vouées à faner tout au long de leur présentation, ces fleurs invitent à une réflexion sur le temps, au-delà de l’idée du monument et de la commémoration, pour s’inscrire dans la tradition des vanités. Pour l’exposition Hors Pistes, une seule œuvre de la série Flowers for Africa est présentée au cœur du Forum, au niveau -1, entre les tables des négociations : le protocole du Ghana.
L'Obier rouge, 2023
Émeric Lhuisset
Installation multimédia en sept chapitres
Cette installation d’Émeric Lhuisset se présente comme un manifeste sur l’image de guerre aujourd’hui. Alors que chacun(e) possède un smartphone lui permettant à tout moment de capturer et diffuser instantanément ce qu’il a face à lui, est-il toujours pertinent pour le photographe de guerre de chercher à capter l’événement ? Pour autant, le professionnel de l’image doit plus que jamais exister, pour vérifier l’authenticité, pour identifier, pour rechercher, enquêter. Mais aussi, dans une approche que l’on pourrait qualifier de « post-documentaire », avec une réflexion plus conceptuelle. La guerre en Ukraine en est un bon exemple, une guerre où malgré le grand nombre de photoreporters sur place, les images les plus fortes, restent celles faites par ces témoins dans ces zones inaccessibles où les photographes ne sont pas présents.
Military Sunset, 2023
Hélène Mutter
Installation vidéo numérique couleur, sonore, photographies et films d'archives
Diffusée en boucle
À l'opposé de la signification qui lui est généralement attribuée dans l'imaginaire collectif, le coucher de soleil fait ici référence à un type de représentation spécifique propre à l'armée. Uniquement composé d'images produites par les opérateurs militaires eux-mêmes en zones de guerre depuis la guerre du Golfe de 1991 jusqu'à l'Opération Barkhane en 2021, le projet Military Sunset de Hélène Mutter recompose, indéfiniment, le cycle d'un coucher de soleil. Donner de la visibilité et la parole aux soldats déployés en opérations extérieures, c'est aussi interroger la réalité du terrain, la temporalité des combats, l'attente, mais aussi la peur et la mort. Qu’est-ce qui vient après la guerre ?
Les artistes
Thibault Brunet
1982. Vit et travaille à Paris (France).
Diplômé des beaux-arts de Nîmes, Thibault Brunet explore la frontière entre le réel et le virtuel à l’ère numérique. En 2019, son livre-sculpture Ault (éditions Mille Cailloux) remporte le prix du Livre d’artiste Adagp × Mad. Il mène en parallèle un projet d’expéditions virtuelles dans le jeu Minecraft, en dialogue avec des chercheurs et experts qui l’accompagnent dans ce nouveau terrain d’expérimentations des arts numériques.
Orianne Ciantar Olive
1981. Vit et travaille à Marseille (France).
Photographe indépendante, Orianne Ciantar Olive expose ses premiers travaux lors du festival international de la photographie d’Alep et reçoit en 2014 son premier prix documentaire. Son travail explore les zones de failles existentielles dans des environnements en tension. Mêlant philosophie, poésie, recherches plastiques et journalisme, ses travaux récents prennent place en Bosnie, au Proche-Orient et plus récemment en Ukraine. Co-fondatrice de Lose Control, structure marseillaise dédiée à la photographie, elle est lauréate en 2022 du prix Maison Blanche, de la bourse de soutien à la création documentaire contemporaine du Centre national d’arts plastiques (Cnap) ainsi que du Mentorat des Filles de la photo.
Arnaud Dezoteux et Celsian Langlois
1987 et 1993. Vivent et travaillent à Paris (France).
Les films et installations d’Arnaud Dezoteux (diplômé des Beaux-arts de Paris) s’intéressent à la télé-réalité ou au body-building et utilisent souvent le studio d’incrustation sur fond vert comme le lieu d’une confrontation atypique, faisant coïncider les coulisses, l’improvisation et l’effet spectaculaire. Après une exposition à la galerie Édouard Manet à Gennevilliers (2016), il a présenté son film Miroir de Haute-Valnia au Centre Pompidou (2017) et son projet sur Billy the Kid à la fondation Pernod-Ricard (2021).
Celsian Langlois est artiste sonore, il a étudié la musique au conservatoire avant d’être diplômé de l’ENS Louis-Lumière. Son travail prend la forme d'installations sonores ou de performances qu'il présente lors d'expositions ou festivals dont le Musée d'art contemporain de Lyon, le 116 à Montreuil, la +359 Galery à Sofia et la Cité internationale des arts de Paris.
François Fontaine
1968. Vit et travaille à Paris (France)
François Fontaine est docteur en histoire de l’art, commissaire d’expositions, rédacteur en chef dans la presse magazine et artiste photographe membre de l’agence VU’. La photographie, l’impact tant symbolique qu’esthétique des images et des médias sont au cœur de ses questionnements et projets artistiques. Régulièrement exposées, ses œuvres figurent au sein de collections comme celles de la Bibliothèque nationale de France, de la Maison européenne de la photographie et de l'institut Lumière.
Kapwani Kiwanga
Kapwani Kiwanga est une artiste de nationalités française et canadienne. Elle a étudié l'anthropologie et la religion comparée à l'université McGill de Montréal et a suivi un cursus en art à l'École des beaux-arts de Paris. En 2022, Kapwani Kiwanga obtient le Zurich Art Prize. Elle a été lauréate du prix Marcel Duchamp en 2020 et du prix Sobey en 2018. Son travail traite des asymétries de pouvoir en faisant dialoguer récits historiques, réalités contemporaines, archives et futurs possibles. Son œuvre questionne des histoires marginalisées ou oubliées, en utilisant plusieurs médiums comme la sculpture, l'installation, la photographie, la vidéo et la performance.
Émeric Lhuisset
1983. Vit et travaille à Paris (France).
Émeric Lhuisset a grandi en banlieue parisienne, il est diplômé des Beaux-arts de Paris et en géopolitique de l’ENS-Ulm et de l’université Paris 1. Son travail est présenté dans de nombreuses expositions, notamment à la Tate Modern (Grande-Bretagne), à l’Institut du monde arabe (Paris), au Stedelijk Museum (Pays-Bas), aux Rencontres d’Arles, au Sursock Museum (Liban) ou encore au Times Museum (Chine). Faisant suite à son livre Maydan – Hundred Portraits (2014), ses portraits de résistant(e)s ukrainien(ne)s sont publiés en 2022. En parallèle de sa pratique artistique, il enseigne à Sciences-Po depuis 2007 sur la thématique « art contemporain & géopolitique ».
Hélène Mutter
1989. Vit et travaille en France.
Artiste plasticienne, Hélène Mutter est docteure en art et sciences de l’art et chercheuse en War Studies. Sa thèse La Guerre à l’épreuve de l’image. Art et dispositifs visuels, menée à l’Académie royale des beaux-arts et l’Université libre de Bruxelles, a été récompensée par le prix Marie-Antoinette Van Huele (2022). Elle est lauréate des résidences artistiques du Centre culturel de Neimenster à Luxembourg (2021) et d’Al Balad Residency Program en Arabie Saoudite (2022), où elle a débuté un nouveau projet photographique et filmique dans la régiondu Golfe.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis