Débat / Rencontre
Martha Wilson. Présentations et débats avec et autour de l'artiste
L’artiste opère à partir du vide qui reste quand toutes les autres valeurs ont été rejetées
29 oct. 2021
L'événement est terminé
Figure activiste de l’histoire de l’art nord-américain, Martha Wilson est l’une des premières artistes à faire usage de son corps pour questionner les représentations sociales du féminin. Mené au début des années 1970, son travail pionnier s’inscrit dans le champ des pratiques conceptuelles avec une ironie radicale.
Alors enseignante au Nova Scotia College of Art and Design à Halifax (Canada), elle entreprend de se mettre en scène, seule face à la caméra, en utilisant la vidéo, la photographie et le texte. À mesure que l’artiste procède à des défigurations et reconfigurations extrêmes de son apparence, son œuvre noue une relation tendue entre les mots et les images, entre la performance de soi et sa représentation. Sur un ton à la fois badin et incisif, elle pointe les stéréotypes de l’Amérique néo-libérale et la construction de l’apparence comme indice de valeur.
Son travail connaît de nouveaux développements avec son installation à New York en 1974, où elle fondera notamment Franklin Furnace, en 1976, espace alternatif dédié à l’expérimentation artistique et commencera à se produire en public seule ou avec son groupe de musique Disband, créé en 1978. L’œuvre de Martha Wilson est incluse dès 1973 dans les travaux pionniers de la critique et commissaire d’expositions Lucy Lippard sur les pratiques conceptuelles féministes. Elle fait l’objet d’une nouvelle attention depuis le début des années 2000 et, en 2011, paraît son anthologie critique Martha Wilson Sourcebook. 40 Years of reconsidering Performance, Feminisme, Alternative Spaces (Independent Curators International, New York).
Cette demi-journée de présentations et de débats avec et autour de Martha Wilson accueille des chercheurs et des chercheuses pour mettre en perspective et examiner l’actualité de son parcours artistique et activiste, à partir des questions de l’art conceptuel, du féminisme, du travestissement artistique et de la performance.
Certaines communications se feront en anglais avec une traduction consécutive en français.
Les intervenants
Jayne Wark est professeure au département d'Histoire de l'art et culture contemporaine au Nova Scotia College of Art and Design. Elle enseigne l'art du XXe siècle, l'histoire du design, l'art féministe, l'art conceptuel, l'art temporel et l'écriture professionnelle sur l'art. Elle a publié de nombreux ouvrages sur l'art féministe et contemporain depuis les années 1970, notamment son livre Radical Gestures : Feminism and Performance Art in North America (2006). Elle a été co-commissaire de l'exposition « Traffic: Conceptual Art in Canada », primée et tournée dans le monde entier (2010-2014). Elle travaille actuellement à la rédaction d'un livre sur la convergence et l'intersection de l'avant-garde new-yorkaise, de l'art conceptuel au NSCAD et du mouvement back-to-the-landers en Nouvelle-Écosse dans les années 1970.
Geneviève Fraisse est philosophe de la pensée féministe, directrice de recherche émérite au CNRS.
Elle travaille sur l’épistémologie politique de la pensée féministe, suivant trois axes : généalogie de la démocratie, concepts de l’émancipation citoyenne et artistique et problématisation de l’objet sexe/genre.
Elle a publié notamment : Muse de la raison, démocratie exclusive et différence des sexes (1989,2017), A côté du genre, sexe et philosophie de l’égalité (2010), Du Consentement (2007,2017), Les excès du genre, une enquête philosophique (2014, 2019), La sexuation du monde, réflexions sur l’émancipation (2016), La Suite de l’Histoire, actrices, créatrices (2019), Féminisme et philosophie (2020).
Marcella Lista est historienne de l'art et conservatrice depuis 2016 au musée national d'art moderne-Centre Pompidou, en charge de la Collection Vidéo, son et nouveaux médias. Ses premiers travaux se sont concentrés sur l'archéologie de l'intermédias dans la modernité et sur les pratiques performatives aux XXe et au XXIe siècle. Après un parcours comme Maître de conférences en Histoire de l'art moderne et contemporain, elle a été responsable des programmes d'art contemporain au Musée du Louvre. Elle a récemment été commissaire des expositions suivantes : « A Different Way to Move: Minimalismes, New York, 1960-1980 » (Carré d'Art, Nîmes, 2017), et, au Centre Pompidou : « Eric Baudelaire : Après » (2017); « La Ribot : Se Vende » (2019); avec Florian Ebner, « Hito Steyerl. I Will Survive: Espaces physiques et virtuels » (2021). Elle est la commissaire de l'exposition « Martha Wilson à Halifax, 1972-1974» actuellement au Centre Pompidou et prépare un projet avec l'artiste Hassan Khan : « Blind Ambition », qui débutera en février 2022 au Centre Pompidou.
Photographe et historien de l'art, Florian Ebner est le conservateur responsable de la Collection de photographies au Musée national d'art moderne - Centre Pompidou. En 2015, il a été le commissaire du Pavillon Allemand à la 56e Biennale d'art contemporain de Venise (avec les participations des artistes Jasmina Metwaly, Philip Rizk, Olaf Nicolai, Hito Steyerl et Tobias Zielony). En 2017, il a été le co-directeur, avec Christin Müller, de la Biennale für Aktuelle Fotografie à Mannheim, Ludwigshafen et Heidelberg. Son travail couvre la photographie moderne, la photographie depuis les années 1970 et la photographie contemporaine. Récemment, il a été le commissaire de « Calais: Témoigner de la 'Jungle : Bruno Serralongue / Agence France Presse / Les habitants » (2020) et, avec Marcella Lista, de « Hito Steyerl. I Will Survive : Espaces physiques et virtuels » (2021) au Centre Pompidou. Il prépare actuellement, avec Angela Lampe, un projet autour d'August Sander et de la Nouvelle Objectivité allemande.
Quand
15h - 18h
Où
Portrait de Martha Wilson
© Bill Westmoreland