Projection et rencontre
De Vincennes à la Paris Films Coop
Organisation d'une renaissance du cinéma expérimental en France
20 nov. 2024
L'événement est terminé
Fondée en 1974, la Paris Films Coop a joué un rôle central dans la redécouverte du film expérimental en France. Initiée par les cinéastes et universitaires Claudine Eizykman (1945-2018) et Guy Fihman (né en 1944), cette structure, à l’instar de ses deux fondateurs, a opéré entre pratique et théorie.
À l’occasion de son cinquantième anniversaire, la collection films du Centre Pompidou (qui intègre dès ses débuts les films d’Eizykman et Fihman) s’associe à l’Université Paris 8 (laboratoire ESTCA) pour la première journée d’un colloque autour de son héritage intellectuel et artistique.
Programme
14h30 ■Accueil des participant·es
14h45 ■ Introduction
Par Bárbara Janicas et Beatriz Rodovalho,l’équipe de Cinédoc – Paris Films Coop
Intervenant : Dominique Willoughby (président de Cinédoc et professeur émérite, université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis)
15h ■ « Des Lumière à Vincennes (Une histoire du cinéma) »
Communication
Par Enrico Camporesi (responsable de la recherche et de la documentation au service de la collection films du Centre Pompidou)
Paris, 1976 : Une histoire du cinéma se déroule à la Cinémathèque française et au Centre national d’art contemporain (Cnac). Conçue par le Centre Pompidou comme une préfiguration du musée qui ouvrira l’année suivante, cette « exposition » présente environ trois cents films produits en marge de l’industrie et du cinéma d’auteur, qui intègrent en grande partie les collections du musée. Longtemps attribuée à son commissaire principal, le cinéaste autrichien Peter Kubelka, Une histoire du cinéma est en réalité le résultat d’un travail collectif auquel ont participé également des acteurs locaux. Claudine Eizykman et Guy Fihman, cinéastes, fondateurs de la Paris Films Coop et professeurs à Vincennes, contribuent à la manifestation, à plusieurs niveaux : auteurs d’un texte dans le catalogue de 1976, ils montrent leurs propres films (acquis par le Centre Pompidou) dans le programme. Cette communication se propose de revenir sur ce moment inaugural de dialogue entre le Musée et Eizykman et Fihman – un échange autant pragmatique qu’intellectuel traversé par quelques aspérités et tensions.
15h30 ■ « Escale Exprmntl. Notes sur la réception des films de Claudine Eizykman, Guy Fihman et Jacques Dubuisson à Knokke, décembre 1974 »
Communication
Par Xavier García Bardón (chercheur et enseignant, Université libre de Bruxelles, École de recherche graphique)
Fin décembre 1974, la cinquième et dernière édition du festival Exprmntl, rendez-vous international dédié au cinéma expérimental et autres formes artistiques d’avant-garde, est organisée dans le casino de Knokke, sur la côte belge. Jacques Ledoux, directeur de la Cinémathèque royale de Belgique, en est le maître d’œuvre. Une compétition réservée aux films récents, marquée par la présence du cinéma structurel, en est le principal événement. Autour de celle-ci gravitent notamment une rétrospective du travail d’Hollis Frampton, une importante section vidéo (Steina et Woody Vasulka, Ed Emshwiller, Nam June Paik), une série de concerts dédiés à la question de la « musique politique » (Luc Ferrari, Dieter Schnebel, Cornelius Cardew, Frederic Rzewski, Josef Anton Riedl), des représentations théâtrales, des expositions (Walter Giers, Paul Sharits, Tony Conrad) et des tables rondes quotidiennes autour de la question de l’expérimentation dans les arts (auxquelles participent notamment Jean-François Lyotard). Claudine Eizykman, Guy Fihman et Jacques Dubuisson, tous·tes trois enseignant·es au département cinéma de l’Université de Vincennes (dans laquelle enseigne également Lyotard), y présentent les seuls films français en compétition. D’après les fiches d’inscription des films, Ultrarouge – Infraviolet (Guy Fihman, 1974), V.W. Vitesses-Women (Claudine Eizykman, 1974) et Pied enflé (Jacques Dubuisson, 1972) ont été réalisés spécialement pour Exprmntl 5. Pour Eizykman – dont le film remporta à Knokke le prix du jury de sélection – le passage par le festival fut vraisemblablement déterminant, lui permettant d’accéder à une visibilité internationale. Le prix obtenu par son film fit également connaître la Paris Film Coop, structure distributrice des travaux d’Eizykman et Fihman, co-fondée par leurs auteurs moins d’un an plus tôt. En s’appuyant sur divers documents (réactions critiques dans la presse de l’époque, correspondance, imprimés, photographies), cet exposé se propose de replacer la première projection internationale de ces films dans le contexte du festival et des débats qui l’animèrent, resituant un réseau institutionnel et personnel.
16h ■ Discussion
16h30 ■ Guy Fihman, Ultrarouge – Infraviolet (1974, 16mm, couleur, silencieux, 31 min)
Projection
« Le film qui me paraît la révélation du festival Ultra-rouge Infra-violet, de Guy Fihman [c]’est la première analyse d’un tableau faite par des moyens autres que la théorie, le commentaire verbal… L’œuvre d’art y est considérée dans sa structure elle-même. » René Micha, Festival Exprmtl 5, 1974.
Intervenant : Benoît Turquety (professeur, université Paris 8, ESTCA)
17h ■ « Les Cinéchromies de Guy Fihman. Sur quelques inventions d’un cinéma des couleurs »
Communication
Par Dominique Willoughby (président de Cinédoc et professeur émérite, Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis)
De Ultrarouge – Infraviolet (1974) à Trois Couches Suffisent (1977-79) puis Trois Couches Ne Suffisent Pas - Trichromie additive pour 3 projecteurs, Guy Fihman a exploré de façon tout à fait unique les potentialités et sensations d’un cinéma des couleurs, hyperchromatique. Retour sur quelques opérations de ce qu’il a pu décrire comme une arithmétique des systèmes chromatiques et de la perception des couleurs, à partir d’hypothèses triadiques de la constitution des sensations colorées : trois couches chromatiques du film, lumières colorées de trois projecteurs, rétine trichromatique.
La richesse visible et visuelle de ses résultats instaure en outre de nouvelles modalités filmiques de la perception du temps et des épaisseurs pigmentaires de la pellicule, de mouvements sans mobile, d’intensités perceptives élargies, emblématiques d’une sensibilité visuelle renouvelée du cinéma expérimental. Où, selon ses termes, « apparaît toute la gamme chromatique (visible/impressionnable par le support chimique) là où habituellement un seul système chromatique, réputé vrai, normal, devrait advenir ».
17h30 ■ Discussion
Quand
14h30 - 18h
Où
Guy Fihman, Ultrarouge-Infraviolet , 1974
© Guy Fihman et Cinédoc – Paris Films Coop
© Centre Pompidou