Cinéma / Vidéo
Caroline de Bendern
Voyage à Zanzibar
20 oct. 2021
L'événement est terminé
Caroline de Bendern (née en 1945), après avoir été mannequin à New York et fréquenté la Factory d’Andy Warhol, arrive à Paris en 1968 avant les événements de mai auxquels elle prendra une part active. La photographie largement publiée la montrant juchée sur les épaules de Jean-Jacques Lebel et tenant le drapeau du Vietnam lui vaudra de rester dans les annales comme la Marianne de 1968.
Elle rencontre Olivier Mosset (chez qui elle habite un temps), Daniel Buren, Michel Parmentier et Niele Toroni ainsi que Daniel Pommereulle, Alain Jouffroy, Serge Bard, Jackie Raynal et Philippe Garrel, soit les membres du groupe Zanzibar dont Sylvina Boissonas finançait les films.
À l’intention de Mademoiselle Issoufou à Bilma a été réalisé à l’occasion d’un voyage, toujours financé par Sylvina Boissonas, qui devait mener les membres du groupe de Tanger à Zanzibar. Tandis qu’ils sont immobilisés six mois au Maroc par des problèmes logistiques, le projet initial progressivement se délite : Daniel Pommereulle tourne son film Vite !, Serge Bard se convertit à l’Islam et disparaît de la scène. Caroline de Bendern continuera le voyage seule avec le musicien Barney Willen : ils passent en Algérie où Willen rencontre et enregistre Archie Shepp puis descendent en Afrique subsaharienne où ils séjournent chez les Peuls Bororo. Le film sera complété deux ans plus tard à l’occasion d’un second voyage. Caroline de Bendern tourne en 16mm, Barney Willen réalise la bande-son où l’on retrouve l’inspiration de son album mythique Moshi. Le film est à la fois un road movie expérimental et un document ethnologique. On y découvre notamment la fête de la Geerewol chez les Peuls Bororo, durant laquelle, pendant six jours et six nuits de jeunes hommes fardés et drogués au bendore – une décoction d’écorce noire de banohe, de gypse pilé et de lait – parés de colliers de perles et de cauris, d’amulettes et de plumes, se livrent à un concours de beauté et dansent jusqu’à l’ivresse. Enfin, le film apparaît également comme un témoignage mélancolique sur le délitement du groupe Zanzibar.
« Serge [Bard] avait un nouveau projet. Il voulait faire un film en Afrique. Son idée était de traverser le continent de Tanger à Zanzibar. Le voyage devait durer six mois et un film serait tourné. Il a réussi à persuader sa productrice préférée de financer son projet. C’est comme cela qu’a commencé un des voyages les plus délirants de l’histoire du cinéma. » se souvient Caroline de Bendern.
Une séance organisée à l’occasion de l’acquisition des films de Caroline de Bendern par le Musée national d’art moderne.
Invitée à revenir sur l’expérience de cette quête existentielle à travers l’Afrique du nord et subsaharienne, la cinéaste apporte également un témoignage rare et précieux sur son expérience au sein du groupe Zanzibar.
Remerciements : Caroline de Bendern et la Cinémathèque française
Caroline de Bendern,À l’intention de Mademoiselle Issoufou à Bilma, 1971, film 16mm, couleur, sonore, 41 minutes et 30 secondes.
Quand
19h - 21h
Où
Partenaires
Caroline de Bendern, À l’intention de Mademoiselle Issoufou à Bilma, 1971. Détail (photogramme)
© Courtesy de l’artiste.