Keziah Jones

En 1996, c'était au tour de Keziah Jones d'interviewer Fela Kuti, qui ne parlait alors plus aux journalistes occidentaux. C'est donc en son vrai nom, Olufemi Sanyaolu, que Keziah Jones se présenta au Shrine. La conversation dériva longuement sur les noms et leur importance dans la culture Yoruba, Fela Kuti composant même sur le prénom Olufemi (donné à son propre fils) sous un angle religieux à travers le mot blasphème (Blast-Femi).

À la fin de leur rencontre et avant de quitter le Shrine, Olufemi Sanyaolu donna à Fela Kuti une copie de son album fraîchement sorti African Space Craft. Découvrant la pochette, Fela Kuti leva les yeux et demanda : « Pourquoi as-tu changé ton nom ? »

On sait peu de choses sur les vrais noms et identités des musiciens africains qui se sont produits dans le monde occidental. Il y a une question pertinente à se poser : s'ils avaient utilisé leurs vrais noms et identités, auraient-ils réussi dans un autre genre que celui créé pour eux par l'Occident appelé world music ?

Pour ce symposium invoqué en 1978 et concrétisé aujourd'hui, Keziah Jones interrogera la forme du concert en direct et la transformera en un objet narratif : l'aventure d'un musicien africain à travers divers niveaux d'exil.

Par l’utilisation rituelle du rythme, de la parole et de la puissance sonore, il tentera de réconcilier ces identités multiples, lors d’un concert exclusif.