Cinéma / Vidéo
Djouhra Abouda et Alain Bonnamy
D’Alger à Vincennes
17 nov. 2021
L'événement est terminé
Née dans un village des montagnes du Djurdjura en Kabylie à la fin des années 1940, Djouhra Abouda (1949) arrive en France avec son père à l’âge de 5 ans et vit à Paris, dans le quartier de Belleville. Après avoir rompu avec sa famille qui l’empêche de choisir une carrière artistique, elle fonde dans les années 1980 le groupe Djurdjura avec lequel elle produit plusieurs albums avant de se consacrer à une carrière solo, avec l’album Uni-vers-elles, sorti en 2002.
Dans les années 1970, Djouhra Abouda développe un projet cinématographique dans les laboratoires de l’Université de Vincennes avec l’architecte Alain Bonnamy (1947). Ils produiront et réaliseront trois films ensemble : Algérie couleurs (1970-1972), une recherche cinématographique sur la couleur dans l’architecture algérienne réalisée au banc-titre à partir de photographies prises par Alain Bonnamy et montées selon un paradigme musical Cinécité en 1973-1974 (qui figure déjà dans la collection du Musée national d’art moderne), fondé sur le principe du métissage des cultures ; Ali au pays des Merveilles (1975-1976), film-tract consacré aux conditions de vie des travailleurs algériens en France.
Dans Ali au pays des Merveilles, sur des images documentaires montées en surimpressions rapides, Djouhra Abouda et Alain Bonnamy ajoutent en second plan les voix des émigrés et de leurs compagnes qui racontent leur quotidien, l’exploitation et le racisme aux antipodes de l’image d’Épinal de la France des trente glorieuses. Dans le journal Le Monde, en 1977, l’écrivain Tahar Ben Jelloun écrivait : « Ali au pays des merveilles est un film sur le temps et l’usure. La dérision et la mélancolie de l’histoire. Les auteurs montrent bien le lien politique entre la colonisation et l’émigration. Ce n’est pas un film militant. C’est autre chose : un regard qui détourne le quotidien et redonne à la misère et à l’exploitation dont sont victimes les travailleurs émigrés, les dimensions du fantastique. Le réel donné et découpé est encore plus fort, plus surprenant que la fiction : il est aussi plus violent que le discours politique. Pour Djouhra, “si le film doit être réduit à un discours politique, mieux vaut distribuer des tracts.” »
À l’occasion de la récente acquisition par le Musée national d’art moderne des films Algérie couleurs et Ali au pays des merveilles, le Centre Pompidou invite Djouhra Abouda et Alain Bonnamy à venir présenter un travail cinématographique à la croisée des engagements esthétiques et politiques.
Séance en présence de Léa Morin, chercheuse à l’initiative de la restauration de ces deux films. Restauration 4K réalisée en 2021 par l’Image Retrouvée à partir des négatifs originaux et d’une copie 16mm, menée par l’association Talitha en collaboration avec les deux cinéastes.
Remerciements : Djouhra Abouda, Alain Bonnamy, Léa Morin, Talitha (Rennes).
Djouhra Abouda et Alain Bonnamy, Algérie Couleurs, 1970-1972, film 16mm, couleur, sonore, 17 minutes.
Djouhra Abouda et Alain Bonnamy, Cinécité, 1973-1974, film 16mm, couleur, sonore, 17 minutes.
Djouhra Abouda et Alain Bonnamy, Ali au pays des merveilles, 1975-1976, film 16mm (numérisé), couleur, sonore, 60 minutes.
Quand
19h - 21h
Où
Djouhra Abouda et Alain Bonnamy, Ali aux pays des merveilles, 1975
© Djouhra Abouda et Alain Bonnamy et Talitha, Rennes