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Culture et émotions

Colloque international

organisé par le Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (ministère de la Culture), l’École normale supérieure de Lyon et le Centre Pompidou

 

12 et 13 mai 2022

ENS Lyon

Présentation

Ce colloque part d’un paradoxe : alors que les émotions et les sentiments sont au cœur de la vie des individus et au centre de la plupart de leurs activités culturelles et de loisirs – que ce soit à travers les thématiques des livres, des films ou des séries qu’ils lisent, écoutent et regardent, ou dans les effets que produisent la lecture, l’écoute et le visionnage de leurs œuvres préférées – peu de chercheur.ses se sont questionné.es sur la place et le rôle des émotions dans la culture. À l’exception de quelques travaux (Chedaleux et al., Hennion, Pasquier, Leveratto, etc.), ou de façon oblique dans de nombreux autres travaux de sociologie de la culture (Glévarec, Mauger, Poliak et Pudal, Octobre et al., Péquignot, etc.), ces deux objets ont très souvent été analysés de manière indépendante en France par des spécialités et des spécialistes qui ne se lisaient peu ou pas (cette thématique émargeant à la psychologie, à la sociologie, à la philosophie, etc.) et appliqués à des publics « dominés » (comme les femmes, les enfants). Ce trait peut d’autant plus attirer l’attention qu’en anglais, nombreux sont les travaux qui prennent en compte les émotions et les sentiments, à l’instar des enquêtes portant sur la réception et les fans issues des Cultural Studies, peu ou pas traduits en français (Ang, Bobo, Brown, Corsaro, Hobson, Jenkins, McRobbie, Mitchell et Reid-Walsh, Radway, Skeggs et Wood, etc.). Dans le même temps, la question des émotions et des sentiments est placée au cœur de certains travaux en Asie, notamment autour de la revue Culture & Empathy (pour un aperçu en français de ces travaux, voir Kim et Oh). Les émotions et les sentiments sont également mobilisés de manière centrale dans certaines analyses du néolibéralisme à l’échelle globale (Cabanas et Illouz).

 

L’attention aux émotions et aux sentiments s’est toutefois développée en France dans certains champs des sciences humaines et sociales (en histoire et en sciences politiques notamment) mais, pour ce qui concerne la sociologie, elle a peu essaimé hors de la sociologie du travail. Or, il serait fructueux de faire dialoguer la sociologie de la culture avec ces travaux « étrangers » ou réalisés sur d’autres objets de recherche en France, en particulier lorsqu’ils portent sur des questions communes, comme celle de la légitimité (produits légitimes et illégitimes ; réceptions savantes/ordinaires), de l’apprentissage du « bon » et du « mauvais » goût, de ce qui est dicible et indicible, de la discipline émotionnelle socialement située, etc.

 

L’objectif de ce colloque est d’explorer théoriquement et empiriquement les liens réciproques qui existent entre culture et sentiments ou émotions. Plus précisément, il s’agira de penser dans un même mouvement ce que les pratiques, objets et goûts culturels font aux sentiments et aux émotions, la manière dont ils les façonnent, les travaillent voire les encadrent en diffusant des règles/normes spécifiques – selon les propriétés sociales des individus et les contextes dans lesquels ils vivent –, et, à l’inverse, ce que les émotions font aux répertoires culturels des un.es et des autres, et notamment à la formation des goûts et des dégoûts pour certaines œuvres, pratiques, usages, registres ou activités. En d’autres termes, il s’agit d’étudier à la fois la socialisation aux émotions (par la culture) et la socialisation à la culture (par les émotions).


Programme



Le colloque est co-organisé par le Département des études, de la prospective et des statistiques (ministère de la Culture), l’École normale supérieure de Lyon et le Centre Pompidou

 

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