Vénus noire

La Vénus noire de Suzanne Valadon est représentée en pied, regardant le spectateur avec fierté. Grandeur nature, son corps athlétique aux courbes soulignées d'un trait noir épais se fond presque dans un paysage sombre et luxuriant. La facture rappelle les figures féminines de Paul Gauguin dans sa période tahitienne, mais Valadon représente ici une femme noire sans exotisme ni condescendance.

En réimaginant une déesse romaine sous les traits d'une femme noire, Valadon cherche à moderniser la tradition de l'histoire de l'art et à élargir la définition de la beauté. Le titre "Vénus noire" évoque la déesse de la fertilité et de l'amour. Comme le souligne l’historien de l’art James Smalls, « Ces stéréotypes ont été cultivés par d'autres artistes contemporains dans le contexte colonial français. L'approche de Valadon reste ambiguë, notamment en raison de son passé de modèle.  En effet, bien que son intention exacte reste inconnue, il est possible qu'elle ait été motivée par un certain goût du scandale et des retombées économiques potentielles. Cette œuvre fait partie d'une série de cinq tableaux (dont Mulâtresse tenant la pomme, Négresse endormie) créés avec le même modèle et présentés au Salon d'Automne la même année. Ces titres reflètent la terminologie courante de l’époque pour désigner les stéréotypes de la femme noire. »*