Aller au contenu principal

Le Sacré-Cœur vu du jardin de la rue Cortot

1916

Suzanne Valadon

En 1896, grâce à l’aisance matérielle que lui procure son mariage avec Paul Mousis, Suzanne Valadon loue un atelier rue Cortot, au cœur de Montmartre. Elle peint ici une vue de cet atelier qu’elle gardera presque jusqu’à la fin de sa vie.

Elle sépare ici la composition en deux parties superposées : le jardin attenant dominé par le Sacré-Cœur, devenu le symbole de Montmartre et le dôme blanc de l’église qui s’harmonise avec les nuages. Enfant du quartier, Valadon est citadine mais, depuis son voyage à Ouessant en 1912, elle prend goût à la peinture de paysages. En 1917, alors que son mari, André Utter, est au front, elle se consacre à de nombreuses vues de Montmartre. C’est là, où vivent près du quart des artistes parisiens, qu’elle a vécu une vie libre et bohème. C’est là qu’elle a découvert l’univers du cirque. C’est sur la place Pigalle, au marché aux modèles, qu’elle est choisie par le peintre Pierre Puvis de Chavannes. Et c’est par le réseau des artistes montmartrois, notamment Toulouse-Lautrec, qu’elle obtient une entrevue dans l’atelier d’Edgar Degas en 1880, en contrebas du boulevard de Clichy, pour lui montrer ses dessins.

Valadon participe aussi pleinement à la vie nocturne et fréquente le cabaret artistique du Chat noir où elle fréquente toute la communauté d’artistes, d’écrivains et de musiciens. Toutes ces relations l’ont ouverte à l’art et lui ont permis de parfaire son éducation sans qu’elle ne se laisse jamais influencer ou aspirer par l’un des nombreux mouvements qui y naissent. À cheval sur les deux siècles, elle a fréquenté les artistes des mouvements symbolistes et impressionnistes puis, aux côtés d’André Utter, le cercle des artistes modernes tels que Georges Braque, Jules Pascin ou André Derain.