Catherine nue se coiffant
[1895]
Suzanne Valadon
J'ai dessiné follement pour que, quand je n’aurais plus d’yeux, j’en aie au bout des doigts.
La rencontre avec Edgar Degas est déterminante pour Suzanne Valadon et marque le début de sa carrière d’artiste. L’artiste impressionniste lui donne des conseils, lui achète rapidement des dessins et lui enseigne la gravure. Il l’encourage à commencer une carrière artistique malgré sa vie professionnelle de modèle menée en parallèle.
Les premiers dessins représentant son fils Maurice enfant, au moment de sa toilette ainsi que des femmes de son entourage sont dans la mouvance du maître impressionniste. Catherine, sa domestique, est représentée à de nombreuses reprises nue, accroupie, préparant le tub, s’essuyant ou, comme ici, se coiffant. Valadon représente son corps sans idéalisation, pris sur le vif dans un geste naturel et quotidien. Elle rompt avec l’élégance des femmes à la toilette et un certain érotisme sous-jacent. Même si ses dessins semblent spontanés, ils sont le fruit d’une lente élaboration à plusieurs titres. D'une part, Valadon fait souvent usage du papier-calque. Cette technique, apprise auprès de Degas, lui permet de dupliquer et transférer ses personnages d’un support à un autre. D’autre part, Valadon s’initie aussi auprès de Degas à la technique du vernis mou. Grâce à l’application du vernis sur la plaque de métal, le creusement dans la matière prend un aspect très proche d’un dessin au crayon.
Cette œuvre fait partie de sa première série de gravures. Elle en réalisera régulièrement jusqu’en 1920.