Tête de femme
1957/1991
Pablo Picasso
Autour de 1954, Picasso invente un nouveau style de sculpture, la « sculpture plate » selon Werner Spies, qui lui a été inspirée par une jeune femme rencontrée à Vallauris, Sylvette David. Elle l’a séduit par son allure moderne, et surtout sa coiffure en queue de cheval qui prolonge harmonieusement le profil de son visage. À partir de portraits de Sylvette peints sur de fines plaques de tôle qu’il découpe et qu’il plie, il compose des objets dont certains ont été répliqués à l’échelle monumentale.
Picasso poursuit ce travail avec des portraits de Jacqueline, sa dernière compagne. Travaillant sous l’éclairage violent de plusieurs projecteurs qui accentuent les contours, il peint des profils qu’il découpe et articule perpendiculairement les uns aux autres, en interpénétrant les plans, autour d’un mât. Il invente ainsi une dernière forme de sculptures, la sculpture-mât, à mi-chemin entre la mise en espace et la représentation picturale, proposant comme un aboutissement aux décompositions cubistes de l’espace perceptif.
La Tête de femme de 1957, en bois découpé et peint, de taille modeste, toujours inspirée du profil de Jacqueline, a été réalisée après la mort de l’artiste dans une version monumentale de 12 mètres de haut. Installée en 1991 à Flaine (Haute-Savoie) à la demande d’Éric et Sylvie Boissonnas, promoteurs de cette station de ski où la culture se mêle au sport, l’œuvre de Picasso rejoint, au pied des pistes, d’autres réalisations magistrales comme Le Boqueteau de Jean Dubuffet (1969/1988).
La sculpture ayant servi de modèle est conservée au Musée national Picasso-Paris.