La Mariée
1963
Niki de Saint Phalle
Ces mariées représentent encore quelque chose qui les dépasse. La mariée, c’est une espèce de déguisement, évidemment c’est une faillite totale de l’individualité, due à la carence masculine d’exercer les vraies responsabilités et je pense que nous allons arriver à un nouvel état social, le matriarcat…*
Niki de Saint Phalle exprime sa révolte contre la domination du patriarcat, qui l’aurait emprisonnée dans son rôle d’épouse et de mère si elle ne s’en était pas émancipée pour devenir une artiste. Entre 1963 et 1964, elle conçoit, à son domicile de Soisy-sur-École, une série de travaux critiquant l’assignation de la femme à différents statuts sociaux : épouse, mère, prostituée ou marginale. Ces productions prennent diverses formes et se construisent d’abord sur des toiles avant de devenir des sculptures autonomes structurées sur du grillage.
La Mariée est une sculpture de plâtre montée sur grillage, représentant une mariée vêtue d’un tissu monochrome écru, tenant au bras un bouquet en plastique recouvert de plâtre. L’artiste ne nous propose pas une vision joyeuse ou romantique du mariage, elle tente de représenter le fardeau des devoirs conjugaux pour les femmes. Les détails qui constituent la sculpture semblent participer de la déconstruction de la symbolique du mariage et de la pureté associée à la mariée : poupées décomposées, baigneurs en plastique écartelés, bouquets de fleurs artificielles, objets de pacotille emplâtrés.
La figure de la mariée est récurrente dans les œuvres de Niki de Saint Phalle, notamment dans Le Cheval et la mariée (1963-1964) ou La Mariée sous l’arbre (1963-1964).
Pour aller plus loin
*Interview de Niki de Saint Phalle en 1965, citée dans La Collection du Musée national d’art moderne, Paris, Éditions du Centre Georges Pompidou, 1986.