La Fontaine Stravinsky
1983
Niki de Saint Phalle
La nuit, toute la lumière va sur les éléments colorés, c’est une fontaine de Niki et mes machines disparaissent, deviennent des fantômes… Les jours, le noir est plus apparent, par mauvais temps surtout, et c’est alors que l’on voit avec plus de précision le détail des machines.*
Cette installation est une commande conjointe entre la Ville de Paris, le ministère de la Culture et le Centre Pompidou. Au début des années 1980, la ville accélère sa politique en faveur du soutien à la création contemporaine. Jacques Chirac, alors maire de Paris, a découvert l’œuvre de Jean Tinguely avec la Fontaine du Carnaval à Bâle (Suisse). Ici, Saint Phalle et Tinguely choisissent de rendre hommage au compositeur Igor Stravinsky et plus spécialement au Sacre du Printemps. Ce ballet, mis en scène par les Ballets russes, qui avait fait scandale en 1913, est devenu depuis une référence de la danse.
Le duo imagine cette fontaine monumentale constituée sur un bassin de 580 m², mesurant 33 mètres de long et 17 mètres de large. Les artistes conçoivent cette œuvre pour favoriser le contact direct avec le public et en faire un lieu de rencontres et d’échanges. Elle est composée de 7 mobiles de Jean Tinguely, de 6 figures en résine colorée de Niki de Saint-Phalle et de 3 sculptures réalisées conjointement par les deux artistes. La technique de peinture sur armature métallique et résine est celle de Saint Phalle tandis que Tinguely apporte au projet sa technique de motorisation des sculptures.
Cette grande œuvre-fontaine regroupe diverses figures, métaphores et personnages autour du thème du Sacre du Printemps : Le cœur, Ragtime, La sirène, La diagonale, L’éléphant, La clef de sol (ou la musique), L’oiseau de feu, L’amour (ou les lèvres), Le chapeau, Le renard, Le rossignol, La vie (ou la corne d’abondance), Le serpent (ou le tire-bouchon), La mort (l’abstrait ou le triangle), La grenouille, La spirale. Chaque sculpture est équipée d’un mécanisme de mouvement et d’un son spécifique. Les éléments musicaux se rapportent, directement ou indirectement, à une œuvre d’Igor Stravinsky.
Ce lieu emblématique du centre de Paris a été entièrement restauré en 2023.
*Jean Tinguely dans une interview accordée à Beaux-Arts Magazine en 1983.
Pour aller plus loin
Créations sonores
À l’occasion de la restauration de la fontaine Stravinsky et de sa réouverture au public, l’Ircam a commandé deux œuvres en relation avec le couple d’artistes Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, et les sculptures animées de la fontaine faisant référence pour la plupart à des œuvres d’Igor Stravinsky :
Sept contes de la fontaine, un parcours sonore ludique dont le texte a été commandé à l’écrivaine Hélène Frappat, mis en musique et sons par Mikel Urquiza et Pierrick Pedron.
Durée : 5 pistes, env. 30 min.
L’eau la colonne le fer, une œuvre électronique en hommage aux deux sculpteurs commandée à la compositrice Sivan Eldar et à l’autrice Laura Vazquez
Durée : 3 parties, env. 13 min.