Valentine Hugo

Paul Éluard et André Breton que j'ai admirés dans leurs œuvres depuis toujours m'ont sauvée du désespoir dès 1930.

Valentine Hugo

Cet Objet au statut de reliquaire enferme plusieurs éléments fétiches du surréalisme : le jeu de roulettes et de dés (en référence au poème de Stéphane Mallarmé, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard (1897).
La main et le gant sont inspirés du roman Nadja, écrit par André Breton, la fourrure (qui sera reprise par Meret Oppenheim dans Le Déjeuner en fourrure, 1936, New York, MoMA), la toile d’araignée…
À noter que la forme ovoïde est venue remplacer le format rectangulaire d’origine. Au-delà de la dimension poétique de cet assemblage la suggestion érotique est évidente, complexifiée par l’ambivalence sexuelle  insinuée par le retournement de gant. Une main dotée d’un bracelet de fourrure s’empourpre d’émotion ou s’ensanglante, comme écorchée vive se livrant à une caresse intime très suggestive à l’intérieur d’une autre main gantée de blanc. Valentine Hugo, amie proche de Jean Cocteau et du poète Raymond Radiguet participe à de nombreuses séances de collectives de cadavre exquis. Elle réalise là un des objets surréalistes les plus inspirés, dont le pouvoir énigmatique marque profondément Max Ernst et Paul Eluard. André Breton, qui a alors une relation amoureuse avec l’artiste, ex-femme du poète Jean Hugo, gardera cette œuvre jusqu’à sa mort dans son atelier de la rue Fontaine, le plaçant dans le « mur » derrière son bureau, aujourd’hui en dépot au Musée national d’art moderne.