Joan Miró

Je ne rêve jamais la nuit, mais dans mon atelier je suis en plein rêve. […] C’est quand je travaille, quand je suis éveillé que je rêve. […] Le rêve est dans ma vitalité, pas dans les marges, pas provoqué. Jamais.

Joan Miró*

Cette œuvre est issue d’un processus de simplification extrême révélé grâce à deux dessins préparatoires. Sur l’un, une femme est allongée sur une plage en face d’une maison dotée d’un cadran solaire, quatre personnages dansent la sardane avec, à l’arrière-plan, le paysage montagneux de Montroig, région natale de l’artiste en Catalogne. Sur l’autre dessin, la femme et la maison sont confondus dans une sorte de cerf-volant, le chiffre 12 indique l’heure de la sieste tandis que les danseurs sont réduits en une ronde de points traversée par une délicate flèche anthropomorphe devant une la crête montagneuse en forme de parapluie inversé. On retrouve tous ces éléments réunis dans cette peinture et comme dans un poème, chaque élément peut revêtir plusieurs sens et se charger d'une portée symbolique ou énigmatique. Ici, le fond bleu brossé de taches rassemble l'espace intangible du ciel et de la mer. On retrouve cette tache circulaire dans un tableau-poème de la même année Ceci est la couleur de mes rêves  (Metropolitan Museum of Art, New York) qui témoigne de la dimension accordée par Miró à l’inconscient et à la puissance onirique de la couleur bleu.

* in Ceci est la couleur de mes rêves, Joan Miró, entretiens avec Georges Raillard, 1977