Le Voyageur sans boussole

Le Voyageur sans boussole s’inscrit dans la série en trois volets des Tables paysagées, paysages du mental, pierres philosophiques (1951-1952).

Dans ces « hauts reliefs », essentiellement à l’huile sur Isorel, sont généralement – et paradoxalement – distinguées, comme ici, deux zones : l’une céleste, une bande étroite et tortueuse ; l’autre terrestre, vaste étendue de sol. Mais les échelles et les points de vue sont aberrants. Ce découpage classique du tableau permet, en restituant le tumulte dans un décor de paysage ordinaire, de souligner le caractère instable et non figé de toute chose, ainsi que l’existence propre à chaque point de l’univers, qui mérite une vision rapprochée.

Le personnage du Voyageur sans boussole erre tout à la fois dans l’épaisseur et sur la surface d’un terrain d’une incroyable richesse d’événements. Il semble moins perdu que déterminé à affirmer sa condition d’être au monde, en parfaite symbiose avec les éléments. La matière informe aux tons rompus, tout en épaisseurs et en accidents, vient parachever ce sentiment de fusion.