Le Centre Pompidou &... Marion Séclin
Marion Séclin est une Parisienne pur sucre. Née en 1990, cette actrice, scénariste et réalisatrice s'est notamment fait connaître sur Internet grâce à des pastilles féministes, engagées contre le harcèlement de rue. Elle lance, il y a trois ans, sa propre chaîne YouTube, où elle navigue entre satire, militantisme et humour. Très suivie sur les réseaux, cette idole des millennials fait partie de cette génération d'influenceuses avec une tête bien faite, qui coche toutes les cases de la créativité 2.0. Elle nous raconte en quoi le Centre Pompidou a participé à son envie d’écrire des histoires de vies, à l'image de sa dernière vidéo, tournée dans le Musée national d'art moderne, à l'occasion de la Saint-Valentin. Cœur avec les doigts !
« Pour moi, le Centre Pompidou, c’est un lien. Celui, indéfectible, construit ado avec ma grande sœur, lors de nos balades dominicales à Beaubourg. Nous habitions dans le 12e arrondissement de Paris et nous nous y rendions, la plupart du temps, sans savoir ce qui y était présenté, sûres qu’on y trouverait matière à regarder et qu’on en tirerait quelque chose. Ce “quelque chose” a finalement été, pour moi, l’apprentissage de ce qu’était une démarche artistique. Avant ces visites, j’avais une image du musée comme quelque chose de pénible, où l’on nous présentait de grands artistes, validés comme tels par d’autres personnes ayant autorité, sans nous pousser à exercer notre sens critique.
Pour moi, le Centre Pompidou, c’est un lien. Celui, indéfectible, construit ado avec ma grande sœur, lors de nos balades dominicales à Beaubourg.
Marion Séclin
C’est ma sœur, la première, qui, à une expo sur Kandinsky (en 2009, ndlr), m’a mise sur cette voie en m’expliquant que c’était à moi de me demander ce qu’une œuvre me faisait, ou même d’interroger pourquoi je n’étais pas touchée. Au-delà de l’œuvre, j’étais subjuguée par la recherche de l’artiste et ce qui l’avait mené à ce qui n’était finalement, pour moi, qu’un résultat. Prenait-il des notes ? Comment avait-il eu l’idée de nouvelles formes graphiques ? Dessinait-il son existence ? Ce n’est pas un hasard si je suis devenue scénariste, ce sont les histoires derrière les choses qui me fascinent, pas les choses en elles-mêmes. Et cela m’a soulagée de savoir que l’on pouvait trouver ces histoires de vies dans les musées, que l’on n’était pas simplement là pour en prendre plein les yeux, mais aussi pour tenter de comprendre les doutes et les questionnements des artistes. J’ai saisi que j’étais faite du même bois, à douter, comme eux, pour trouver les moyens de s’exprimer. Cela a mis l’art au niveau de ma vie quotidienne, comme m’autorisant à devenir moi-même une “créative”. Il faut dire qu'on m’avait assigné, dès ma plus tendre enfance, le rôle de “l’hyperactive manuelle” qui avait plutôt le droit aux ateliers qu’aux musées. Ma sœur, quant à elle, était “l’intellectuelle”. Et bien, en m’emmenant avec elle à Beaubourg le week-end, ma sœur a réécrit le synopsis. C’est terrible ces rôles qu’on nous donne ! C’est aussi ce qui fait que des initiatives de valorisation des femmes artistes, telles que les fait le Centre Pompidou, doivent aujourd’hui exister. Nous sommes dans un monde d’hommes, où des hommes ont été validés par des hommes, pour des hommes. Je suis toujours un peu triste que cela demande un travail acharné d’aller chercher des regards de femmes déconstruisant le regard dominant, mais cela est nécessaire, pour que bientôt, nous n’ayons plus à le faire… Sinon j’ai aussi toujours adoré les nocturnes de Beaubourg, et cette impression de voler le temps. Mon meilleur souvenir : avoir fait du roller au sous-sol ! » ◼
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© Chloé Vollmer-Lo