La collection Prat au Musée
C'est l’une des plus remarquables collections assemblées en France par des particuliers durant le dernier demi-siècle. Grâce à la générosité exceptionnelle de Marie-Aline Prat, le Centre Pompidou a fait en octobre 2017 l’acquisition de huit œuvres majeures provenant de la collection d’art contemporain constituée par elle-même et son mari, Jean-François Prat, grand avocat d’affaires disparu en 2011. Cette exceptionnelle collection était présentée lors de la vente « Regards croisés. Collection Jean-François et Marie-Aline Prat » organisée à l'occasion de la FIAC à Paris. Le souhait de Jean-François Prat, qui était de se séparer de cet ensemble afin de repartir à zéro en travaillant à une nouvelle collection, se trouve ainsi exaucé.
La collection de Marie-Aline et Jean-François Prat est magnifique. Elle témoigne d'une passion et d'un engagement sans faille. Il était indispensable que le Musée national d'art moderne puisse en conserver des œuvres essentielles.
Bernard Blistène
La collection Prat s’est distinguée par son ouverture d’esprit et la sûreté de ses choix au regard de l’histoire de l’art récent. Fruit d’une passion partagée, elle témoigne simultanément de ce sens du pari qui est celui de tout grand collectionneur (c’était le propre de Jean-François) et d’une érudition de premier ordre (Marie-Aline, historienne de l’art et expert près la cour d’appel de Paris, est l’auteur d’une thèse sur le mouvement Cercle et Carré qui a paru en 1984 aux éditions L’Âge d’Homme). Assisté de ses équipes, Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne, a opéré un choix qui reflète cette très grande originalité.
Huit œuvres réalisées de 1961 à 2009 par trois artistes français, trois Américains et deux Britanniques sont ainsi exposées. Le tableau de Martin Barré intitulé 61-T-36 vient rappeler l’importance toujours plus évidente d’un des peintres abstraits les plus singuliers de l’après-guerre, tandis que Ain’t coming out until de Richard Stankiewicz, datée elle aussi de 1961 et composée d’éléments en fer soudé, incarne le courant de la junk sculpture. Lui aussi fait de matériau de récupération, l’Autoportrait (1981) de Tony Cragg en cycliste (conçu par l’artiste expressément pour le couple Prat) conjugue avec brio assemblage et ready-made. Exuberant relative #1 (1986) de Haim Steinbach nous remémore l’assomption de l’objet manufacturé qui caractérisa l’art des années 1980, tandis que les peintures de Bertrand Lavier, Melker II (2004), et de Peter Halley, Sixth sense (1999), attestent chacune à leur manière la relance postmoderne du tableau abstrait. Sur le versant figuratif, The Moon (2009) de Gary Hume mêle esthétique pop et recadrage photographique en un grand panneau mural d’une indéniable puissance chromatique. Enfin, le plus jeune, Mathieu Mercier, né en 1970, boucle la boucle avec un lasso de néon blanc suspendu à une patère (Sans titre, 2006) que l’on peut voir comme en écho de l’œuvre de Martin Barré ouvrant cette séquence pleine de rebondissements inattendus.◼
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Haim Steinbach, Exuberant relative #1, 1986 (détail)
© Centre Pompidou / photo : A. Laurans / Dist. Rmn-Gp © Haim Steinbach
Cet ensemble d'œuvres a fait l'objet d'une présentation particulière au sein du parcours du Musée, au niveau 5, du 26 septembre au 4 novembre 2018.