Aller au contenu principal

Disparition de Jean Maheu, ancien président du Centre Pompidou

À la tête du Centre Pompidou entre 1983 et 1989, Jean Maheu est décédé à l'âge de 90 ans. Amoureux des arts, passionné de poésie, cet énarque a marqué le Centre de ses deux mandats, qui furent notamment émaillés d'expositions devenues cultes commes « Les Magiciens de la terre » ou « Les Immatériaux ».

± 4 min

Jean Maheu, ancien président du Centre Pompidou durant deux mandats entre 1983 et 1989, est décédé le 9 janvier 2022 à l'âge de 90 ans. Lorsqu'il prend les rênes du Centre Pompidou en 1983, c'est alors encore un tout jeune centre d’art et de culture, inauguré quelques années plus tôt. Sous son premier mandat, sont présentées des rétrospectives désormais emblématiques dédiées à Yves Klein, Balthus (1983), Bonnard (1984) ou encore Kandinsky (1985) et de grandes expositions thématiques à l’image de « Vienne, Naissance d’un siècle, 1880-1938 », qui poursuit la présentation des grands foyers de création internationaux initiés à l’ouverture du Centre Pompidou.

« Je salue un homme d’engagement et de terrain, féru d’art et de poésie. Jean Maheu a joué un rôle essentiel dans l’histoire du Centre Pompidou, accompagnant avec audace et détermination sa première décennie foisonnante. Avec des expositions désormais emblématiques comme "Les Magiciens de la terre" ou "Les Immatériaux", avec les nombreux événements organisés pour le dixième anniversaire, il a fortement contribué à partager et à faire vivre l’utopie du Centre Pompidou. C’est ce dessein, son héritage décisif, qu’aujourd’hui nous poursuivons, dans un même élan. Mes pensées les plus chaleureuses vont à son épouse Isabelle, à ses enfants et ses petits-enfants, à qui j’adresse, au nom du Centre Pompidou, nos condoléances les plus sincères. »

 

Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou

Après une reconduction en 1986 pour un second mandat, Jean Maheu préside à l’anniversaire des dix ans du Centre Pompidou en 1987. Cette célébration est alors, pour le Centre, le temps d’un premier regard sur son histoire. Jean Maheu célèbre cette « grande machine nerveuse et bruissante (...) traversée par la curiosité des foules, par le désir et les rêves de tant d’êtres divers, notoires ou obscurs, fondus en un anonymat tranquille, respectueux de la quête de chacun ». Cette année-anniversaire est l’occasion de présenter de grandes expositions thématiques dont « L’époque, la mode, la morale, la passion. Aspects de l’art aujourd’hui, 1977-1987 », qui s’attache à montrer des œuvres réalisées au cours de la décennie par une soixantaine d’artistes français et étrangers. « Histoire d’image(s), le Centre Georges Pompidou : une architecture qui s’expose » propose pour la première fois de montrer la force de l’architecture d’un bâtiment alors encore sujet, quelques années auparavant, à de violentes critiques. En 1987, le Centre de création industrielle contribue également à la commémoration du centenaire de la naissance de l’architecte suisse Le Corbusier, en présentant son œuvre multiple avec « L’aventure Le Corbusier, 1887-1965 ».

 

Le Centre Pompidou, cette grande machine nerveuse et bruissante (...) traversée par la curiosité des foules, par le désir et les rêves de tant d’êtres divers, notoires ou obscurs, fondus en un anonymat tranquille, respectueux de la quête de chacun. 

Jean Maheu

 

Jean Maheu était un homme de terrain et un passionné de poésie (il publiera plusieurs recueils). Durant son mandat, entrent dans la collection du Musée de nombreuses œuvres maîtresses, notammentL'Addition de Joan Miró et New York Cityde Piet Mondrian (en 1983), Le Nu bleu II (en 1984) et les gouaches découpées de Jazz d'Henri Matisse (1985), ou encore la série complète des treize Readymades de Marcel Duchamp.

 

Jean Maheu achève son mandat en 1989, laissant la main à Hélène Ahrweiler. Cette année charnière l’est tout autant pour le Centre Pompidou dont la grande exposition-seuil « Les Magiciens de la Terre » reste comme une révolution de la scène artistique. L’exposition internationale présentait cent artistes contemporains, cinquante de pays occidentalisés, cinquante de pays non occidentalisés, dont toutes les œuvres étaient sélectionnées sur les mêmes critères, en fonction, entre autres, de leur ancrage dans l’espace et le temps.

 

En 1989, Jean Maheu prend la tête de Radio France, puis celle du Théâtre de la Ville. Il termine sa carrière à la Maison de la Poésie de la Ville de Paris (1995-1998). ◼