Le bateau
[1917]
Le bateau
[1917]
Domain | Dessin |
---|---|
Techniques | Gouache sur papier |
Dimensions | 27 x 18,4 cm |
Acquisition | Don de Marguerite Arp-Hagenbach, 1967 |
Inventory no. | AM 3639 D |
Detailed description
Artist |
Sophie Taeuber-Arp (Sophie-Henriette Taeuber, dite)
(1889, Suisse - 1943, Suisse) |
---|---|
Main title | Le bateau |
Creation date | [1917] |
Domain | Dessin |
Techniques | Gouache sur papier |
Dimensions | 27 x 18,4 cm |
Inscriptions | Cachet au dos, en bas à gauche : Oeuvre / Sophie Täuber-Arp / Nr. 1917/14 |
Acquisition | Don de Marguerite Arp-Hagenbach, 1967 |
Collection area | Cabinet d'art graphique |
Inventory no. | AM 3639 D |
Analysis
« Sophie Taeuber et moiavions décidé de renoncer complètement à employer la couleur à l’huile dans nos compositions. Nous voulions éviter tout rappel du tableau qui nous semblait être la caractéristique d’un monde prétentieux et suffisant. » Ces propos de Jean Arp (Jours effeuillés, 1966) pourraient expliquer pourquoi, durant ses années Dada à Zurich – où elle fait la connaissance d’Arp en 1916 –, Taeuber réalise presque toute son œuvre, en particulier des gouaches, sur papier et choisit parallèlement la broderie, dans une volonté de décloisonner la hiérarchie des arts. La série des Compositions verticales-horizontales des années 1916-1917, dont Le Bateau (cat. Schmidt/Weber 1917/13) fait partie, révèle à quel point ses premiers travaux sur papier, « construits comme un ouvrage de maçonnerie » selon Arp, forment des transpositions directes des principes d’orthogonalité issus des arts appliqués que Taeuber, dès mai 1916, commence à enseigner à l’École des arts décoratifs de Zurich. Lors de ses études à Munich, dans les « Ateliers d’apprentissage et d’essai pour les arts libres et appliqués » que Hermann Obrist et Wilhelm von Debschitz avaient fondés dans la filiation utopiste de Ruskin et Morris pour intégrer l’art à la vie, ou, plus tard, lors d’un séjour à Hambourg, elle s’était familiarisée avec l’esthétique des Wiener Werkstätten (Ateliers viennois) et des tapisseries folkloriques norvégiennes. Ces deux sources sont à l’origine tout autant de la luminosité des couleurs que de la dimension ornementale des constructions de ses gouaches. La jeune artiste y apporte sa fantaisie, intègre des motifs stylisés évoquant une réalité familière ou onirique, tels cette coque semi-circulaire de bateau – identique à celle de Trois bateaux (cat. Schmidt/Weber, 1917/19) – ou, dans d’autres œuvres, des chevaliers, des oiseaux, des vases ou des drapeaux. Dans Le Bateau, la « fenêtre » réservée aux éléments strictement circulaires, courbes et serpentins (bateau, cheminée, fumée), au cœur du damier au vocabulaire uniquement abstrait (qui les encadre en quelque sorte), fonctionne comme un contrepoint poétique et ludique à la rigueur géométrique de la grille orthogonale. La fraîcheur des aplats colorés, la simplicité presque naïve des formes ajoutent encore au charme mélodique de la composition. Selon Arp, les « figures massives et trapues » (Jours effeuillés, op. cit.) de ces premiers travaux annoncent celles que Sophie Taeuber façonnera dans les années 1930 en bois tourné.
Angela Lampe
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008