Les Disques dans la ville
1920
Les Disques dans la ville
1920
With his dises, Léger reflected the perpetual mechanical movement that drives cities and the world.
After his nerve-racking experience in the trenches, Fernand Léger could only marvel at the rhythms of the city. The visual ruptures presented by urban landscapes became pretexts for complex compositions. The stencilled letters of advertising posters are interwoven with geometrical forms inspired by railway signals and mechanical elements. Their dynamic organisation produces the effect of a machine-city. Here Léger develops the artistic vocabulary that would henceforth be his hallmark.
Domain | Peinture |
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Techniques | Huile sur toile |
Dimensions | 130 x 162 cm |
Acquisition | Donation Louise et Michel Leiris, 1984 |
Inventory no. | AM 1984-581 |
On display:
Detailed description
Artist |
Fernand Léger
(1881, France - 1955, France) |
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Main title | Les Disques dans la ville |
Creation date | 1920 |
Domain | Peinture |
Techniques | Huile sur toile |
Dimensions | 130 x 162 cm |
Inscriptions | S.D.B.DR. : F. LEGER-20 |
Acquisition | Donation Louise et Michel Leiris, 1984 |
Collection area | Arts Plastiques - Moderne |
Inventory no. | AM 1984-581 |
Analysis
Les Disques dans la ville (cat. rais. II, n o 258 ; la toile, datée de 1920, comme son étude directe à la gouache de mêmes dimensions, également conservée au Musée, AM 1982-95) est un montage des deux thèmes – les disques et la ville – qui, séparément et successivement, ont dominé le travail de Léger en 1918 et 1919.
Dans leur version définitive et monumentale, Les Disques (1918, Paris, MAMVP) concentrent l’effort de Léger sur le thème, et marquent sa rupture avec l’avant-guerre. Plus de tubes, mais des cercles, des bandes, et de grandes obliques franches, un pur contraste de droites et de courbes, délibérément aplaties, délibérément abstraites. Même si l’on peut penser à une évocation de la géométrie symbolique et élémentaire des signaux ferroviaires, ou à de vagues engrenages, le thème des « Disques » renvoie avant tout à une réalité d’ordre plastique, un rythme de formes simples qui s’opposent et se répondent, s’entrechoquent et s’entraînent. Petits, moyens ou grands, les disques semblent tourner à des vitesses différentes, pas si loin des « rotoreliefs » de l’ami Marcel Duchamp, celui-là même avec lequel Léger avait reçu son « illumination » devant la beauté des formes industrielles, au Salon de l’Aviation en 1912. Leur géométrie est essentiellement mobile, et qu’il soit disque ou roue, c’est le « cercle en action » qui fascine Léger.
« Les Disques » annoncent aussi le grand chef-d’œuvre de l’année suivante, La Ville (1919, Philadelphia Museum of Art). Construite sur un format panoramique, tel un mur de peinture, cette toile combine des éléments formels plus nombreux et plus complexes, sur un rythme syncopé comme un air de jazz. Léger y a concentré les souvenirs des déambulations au long des rues parisiennes avec ses amis Blaise Cendrars et Darius Milhaud. Poutrelles métalliques, signaux divers, plates façades d’immeubles, prégnance du lettrage publicitaire, autant de motifs urbains contemporains juxtaposés en une construction extrêmement dense. La Ville est le manifeste d’une nouvelle « révolution plastique », dirigée contre le cubisme et ses avatars d’après-guerre : dimensions monumentales contre tableaux de chevalet, couleurs pures contre grisaille et gammes restreintes, aplats contre décomposition en facettes. Bien plus tard, en 1954, Léger déclarera à Dora Vallier : « Je me suis servi d’aplats parce que la surface plate est plus rapide comme construction… Le choc de l’aplat est instantané et il est tout indiqué pour la grande peinture murale » (D. Vallier, « La vie fait l’œuvre de Léger. Propos recueillis », Cahiers d’art , Paris, XXIX, n o II, 1954, p. 133-177).
Placé au centre de la composition du Musée, le motif des disques fait tourner le paysage plat de la ville ; il l’imprègne de son dynamisme et il accentue le caractère résolument moderne, et même futuriste, de sa vision urbaine : certes inspirée par le Paris de 1920, encore gris mais couvert du plat bariolage des affiches, la ville de Léger reflète aussi son rêve d’un New York quadrillé en hauteur et en largeur, strié d’ampoules et de lettres lumineuses, un New York qu’il ne connaît pas encore (son premier séjour date de 1931), sinon justement par les images mobiles du cinéma.
Isabelle Monod-Fontaine
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007