Vidéo
Feuilleton Hervé Aubron, L'art et les restes
2021
Feuilleton Hervé Aubron, L'art et les restes
Épisode 3 - Économie : le déchet à l’œuvre. Dialogue avec Nicolas Bourriaud.
04-02-2021
Type | Recording Vidéo, 45min 21s |
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Direction | Service audiovisuel |
Production | |
As part of the serie |
Hors Pistes 2021 |
Detailed description
Summary | Que serait un art des restes ? On peut l’entendre au moins de trois façons. L’activité créatrice ne peut désormais négliger, a minima, ses propres déchets. On n’invite pas ici à stipendier ou simplement mesurer les pollutions matérielles de l’industrie culturelle, à décerner des brevets de sobriété énergétique – quoique cela ne soit pas anecdotique à l’heure des data centers. En revanche, il faut avoir à l’esprit qu’aucune œuvre ou forme n’a désormais d’actualisation définitive, et est sujette à d’infinies variations sur les réseaux, comme autant de chutes dont la prolifération pose question. Ce sont aussi les ruines des anciens régimes artistiques et créateurs, ce qui reste de l’art, qu’il nous faut investir et éventuellement réagencer. Ce sont, enfin et surtout, les restes du monde (ses déchets, ses rebuts, ses pollutions, ses corps sacrifiés…) qu’il faut rendre perceptibles : une matière indésirable et encore largement occultée, non à seulement transmuer, et encore moins à « sublimer », mais à représenter ou figurer. Il y a là à inventer un nouveau « partage du sensible », pour reprendre la belle expression de Jacques Rancière. La modernité artistique a notamment consisté à soutenir qu’il n’y avait pas de bons ou de mauvais objets. Donc aussi à se saisir d’objets qui n’avaient pas droit de cité, de représentation ou simplement de visibilité, et notamment les déchets – de la charogne de Baudelaire à la Merde d’artiste de Piero Manzoni, des Nouveaux Réalistes à Cloaca, la machine à excréments de Wim Delvoye. La question du déchet est-elle pour autant réglée dans l’art ? Non, et c’est heureux, tant cette question est précisément ce qui ne doit être simplement réglé, « derrière nous », en vertu d’un « recyclage » miraculeux. Et d’autant plus que le « déchet » se diffuse et se vaporise désormais partout, autour de nos corps et en eux. Rencontre avec un critique et théoricien qui s’est dernièrement consacré à ce boléro entre art et déchet, jusqu’à même envisager que l’art n’est peut-être qu’un « objet expulsé ». Critique d’art et commissaire d’exposition, Nicolas Bourriaud a dirigé le Palais de Tokyo et l’École des beaux-arts de Paris. |
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Speakers |
Nicolas Bourriaud
:
intervenant
Hervé Aubron : intervenant |