Cinema
What has become of them?
Portraits documentaires au fil du temps
10 - 28 Nov 2012
The event is over
Depuis plus de 10 ans, le Mois du film documentaire est un temps fort de la programmation de la Bpi qui rassemble près de 1 500 structures culturelles dont 500 médiathèques. Forte de son engagement en faveur du cinéma documentaire et dans l'élan de l'action du festival Cinéma du réel, la bibliothèque présente cette année une programmation d'une vingtaine de films. Après « Filmer l'invisible » en 2010 et « Heddy Honigmann » en 2011, les films d'observation seront à l'honneur, thématique exigeante qui renvoie à l'essence même et à la noblesse du genre documentaire : travail sur la durée, sur le terrain mille fois arpenté, sur l'évolution des sociétés humaines et au plus près du mystère de l'individu.
Mois du film documentaire
« Que sont-ils devenus ? »
« Que deviens-tu ? »
Ces questions banales, presque machinales lorsqu'on croise quelqu'un perdu de vue après une longue absence, acquièrent cette année une résonance particulière grâce au programme de Portraits documentaires au fil du temps que présente la Bpi à l'occasion du Mois du Film documentaire 2012.
Trait commun à toutes ces œuvres : un réalisateur suit un ou plusieurs personnages à travers les années qui passent, les regardant grandir, vieillir, changer de lieux, de mode de vie… au fil du scénario souvent imprévisible de leur destin.
Le voyage dans le temps, thème romanesque s'il en est, se développe sur une toile de fond qui traverse toutes sortes d'aspects de notre société : histoire de la colonisation, de l'immigration, des changements géopolitiques et sociaux de ces trente dernières années, au premier rang desquels l'écroulement du bloc de l'Est… Il est sans doute assez fascinant de plonger ainsi dans ce passé proche et d'en faire revivre directement ou indirectement les grands moments. Mais la force des œuvres présentées réside sans doute davantage dans deux éléments-clés de la problématique documentaire, qui sont ici traités de manière particulière, justement parce qu'ils jouent avec le temps : l'agencement de la trame narrative et la construction du personnage.
Il peut s'agir d'une série de rendez-vous plus ou moins régulièrement programmés (Seven Up, qui retrouve tous les sept ans des Anglais depuis leur âge de sept ans, ou la série des films de Volker Koepp sur les femmes de Wittstock par exemple). Notons au passage que ces études au long cours ont souvent été une spécialité des pays du bloc soviétique à une époque où ils ne connaissaient guère de problèmes de coûts de production... Ce peuvent être aussi des recherches reprises a posteriori en fonction de circonstances nouvelles ou imprévues, quand péripéties et rebondissements individuels croisent la grande histoire, ou tout simplement des retrouvailles suscitées par la curiosité, l'interrogation personnelle du réalisateur (Following Sean, Bar centre des autocars). L'élaboration du travail peut même concerner plusieurs générations (la trilogie des Mods ou celle des Leahy et des Ganigas).
Responsable du choix des épisodes et du rythme de son récit, de son orientation ethnologique, sociologique, psychologique… moralement engagé dans une profonde relation de confiance avec son sujet, le cinéaste doit pourtant composer.
Réelle, l'émouvante évolution physique des personnages, leur transformation livrée dans l'immédiateté de l'image, sans renfort de description ou de maquillage : le fils Lapirov, quand il reparaît en teenager américain, incarne, au sens propre, le changement radical de son univers familial, et suffit à montrer l'abîme qui le sépare du petit garçon soviétique qu'il avait été… Mais cette modification n'épuise pas la vérité. Paradoxalement, la personne se dérobe à mesure que le temps avance : découvrant de multiples facettes, elle résiste dans son mystère, presque dans son opacité.
Que cherche au fond le cinéaste en revenant à plusieurs reprises ? Accompagner le personnage, voire le rendre plus lucide en l'aidant à faire le point sur lui-même, mais en trouvant sa juste place. Contrairement au réalisateur de fiction, contrairement à l'écrivain, et non seulement à l'écrivain de fiction mais même au biographe – car ce dernier connaît la fin de l'histoire – le documentariste ici ne peut pas être démiurge,. On est donc bien dans la tension entre réel et mise en scène, entre liberté de créateur et recherche de la vérité.
Au spectateur d'entrer dans le jeu. Les œuvres présentées, objets complexes, le laissent avec une foule de questions. Sans doute pourra-t-il en poser quelques-unes lors de débats avec les réalisateurs présents : Quelle est dans ce cas la nature particulière du rapport de confiance filmeur/filmé ? L'évolution des techniques a-t-elle modifié les choses, et comment ? Etre filmé a-t-il influé, influe-t-il, influera-il sur l'existence des personnages ? Pourquoi, quand et comment décide-t-on de mettre un terme à la relation ?...
Mais, ces films ayant presque toujours une fin ouverte, il restera seul avec son interrogation finale, sauf à se faire réalisateur de son propre film - imaginaire (et de fiction !) :
« Que deviendront-ils ? », avec son corollaire « Que deviendrai-je ? »
Monique Laroze
Cette manifestation est organisée par la Bibliothèque publique d'information, Département Comprendre, Service Cinéma
Conception et organisation :
alliguie@bpi.fr
Arlette Alliguié, Tél. 01.44.78.45.42, arlette.alliguie@bpi.fr
Florence Verdeille, Tél. 01.44.78.44.52, florence.verdeille@bpi.fr
Service communication :
Cécile Desauziers , Tél. 01 44 78 40 24, cecile.desauziers@bpi.fr
When
every days except tuesdays
Pass pour l'ensemble du cycle : 20€