Following Sean

Following Sean

2004 / Etats-Unis / 88min

Réalisation : Ralph Arlyck

Image : Ralph Arlyck, Tom Tucker

Son : Dan Gleich

Montage : Malcolm Pullinger

Production et distribution : Ralph Arlyck et Malcolm Pullinger - Timed Exposures

En 1969, pour son film de fin d’études, Ralph Arlyck filmait un jeune fils de

hippies de San Francisco, Sean. Qu’est devenu ce fumeur de marijuana précoce à

qui tous prédisaient un avenir polarisé, soit de drogué, soit de trader ? Le

retrouver permet au cinéaste de réfléchir non seulement sur le passage du temps

(et au tour éventuellement ironique que la vie peut prendre pour chacun), mais

aussi sur ce que l’Amérique d’aujourd’hui a conservé de sa contre-culture.

L’enquête dure neuf ans, durant lesquels le documentariste filme comme il

respire, un peu à la manière de Ross McElwee. Inévitablement, il questionne

aussi en voix off ses propres choix de vie, lui qui dès sa jeunesse sur la

bouillonnante Height Street de San Francisco, se savait « plus observateur »

qu’activiste.

Véritable palimpseste, le montage alerte de Following Sean croise les

trajectoires des différentes générations. Et la plus ancienne n’est pas la

moins subversive : dans des séquences magnifiques, les parents nonagénaires du

cinéaste partent s’installer dans une communauté Steiner de la campagne

new-yorkaise, tandis que la grand-mère communiste de Sean achète un jacuzzi

avec l’indemnité perçue à la mort de son mari, anti-maccarthyste décédé d’un

cancer lié à l’amiante. Sur cette luxueuse baignoire érigée en sa mémoire, une

plaque indique : « Rien n’est trop beau pour la classe ouvrière »… A travers

ces portraits et celui du père de Sean, c’est le rêve américain lui-même

qu’Arlyck interroge sans relâche.

Charlotte Garson