Cine / video
Yervant Gianikian & Angela Ricci Lucchi : Rétrospective
25 sep - 15 nov 2015
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Présentation de Frédéric Bonnaud
Journaliste, directeur de la rédaction des Inrockuptibles
Le Centre Pompidou présente, pour la première fois en France, une rétrospective intégrale des films et installations des artistes italiens Yervant GianikianetAngela Ricci Lucchi, qui viennent de recevoir un Lion d’or à la Biennale de Venise. Un couple de cinéastes pour une oeuvre à nulle pareille.
L'un a étudié l'architecture à Venise, l'autre la peinture à Salzbourg ; nés tous deux en 1942, ils vivent et travaillent ensemble depuis le début des années 1970. Inutile de chercher leurs films dans les salles commerciales, ils n'y sont pas, ignorance réciproque. Mais cela fait plus de trente ans que les grands festivals (Venise, Cannes, Locarno), les biennales et musées du monde entier montrent leurs films et leurs installations. La plupart du temps, ils suivent et trouvent ainsi la matière première de leurs films futurs, soit en filmant eux-mêmes, soit en collectant des archives.
« Nous voyageons en cataloguant, nous cataloguons en voyageant à travers le cinéma que nous allons re-filmer. » Cette phrase ouvre Notre caméra analytique (Trafic n° 13, hiver 1995), le texte fondateur où Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi énoncent à la fois leur projet et leur méthode. Leur cinéma, comme celui de Godard, repose sur une croyance absolue en l'image, ici ramenée à sa plus petite unité de mesure : le photogramme. Oublié, massacré, rayé, jamais vraiment regardé, celui-ci contient tout, pourtant, sa fabrication comme l'idéologie qui y a présidé, ce qu'on a voulu y mettre et ce qui a été enregistré à l'insu de l'opérateur. Le reste est affaire de dévoilement, de patience et de méthode, d'analyse puis de spectacle. Tout est déjà là, reste à l'ordonner pour le faire apparaître. Pour le donner à voir, chaque photogramme doit être réinventé. Travail de fourmi, travail de titan, long malaxage de la matière filmique avant qu'un geste, un regard, un détail ne vienne enfin éclairer l'ensemble. Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi sont des révélateurs.
À la fois cinéastes et artistes, archivistes et avant-gardistes, ils ne savent fabriquer que des splendeurs. On leur reproche parfois. Eux, les anthropologues des images perdues et retrouvées, les infatigables contempteurs du colonialisme italien (Pays barbare, 2013), eux qui ne cachent ni leur désarroi ni leur colère devant les nouvelles ruses de l'impérialisme et l'organisation cynique des « chocs de civilisation », transforment l'horreur de la défiguration des soldats de la Première Guerre mondiale, les fameuses « gueules cassées », en un chef-d'œuvre (Oh ! Uomo, 2004), un songe peuplé de monstres. Car ces immenses formalistes ne sont pas de gentils esthètes : historiens dans l'âme, ils savent qu'il faut tenter d'éclairer nos ténèbres contemporaines des images du passé. Et que la beauté est le commencement de la terreur que nous sommes capables de supporter.
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