Glossaire des techniques surréalistes
Cadavre exquis
Le Cadavre exquis est le plus célèbre des jeux surréalistes. Pratiqué à partir de 1925, il consiste à composer des poèmes ou des dessins à plusieurs, chacun inscrivant un mot ou un motif sur un papier plié, à l’insu des autres participants. Les œuvres ainsi obtenues présentent des rapprochements inattendus, comme la phrase « le cadavre exquis boira le vin nouveau », à laquelle le jeu doit son nom.
Sélection de cadavres exquis dans la collection du Musée national d'art moderne
Collage
Au sein du surréalisme, le procédé du collage est surtout employé par Max Ernst. Dès 1919, il assemble des images issues de multiples supports, dans le but de provoquer des rencontres insolites. À partir de 1929, il crée des romans-collages, séries d’images confectionnées à partir de gravures de la fin du 19e siècle ou de catalogues illustrés, et reliées entre elles par la simple répétition de motifs visuels. À la différence du collage cubiste voué à la seule recherche plastique, et des photomontages éminemment politiques du dadaïsme allemand, le collage surréaliste suggère de nouvelles associations visuelles, poétiques et oniriques.
Sélection de collages surréalistes dans la collection du Musée national d'art moderne
Décalcomanie
Cette technique a été utilisée pour la première fois dans un cadre artistique par Oscar Dominguez en 1936. L’artiste presse une feuille blanche sur une autre feuille enduite de gouache noire, et répète l’opération, de manière à reporter plusieurs fois les taches de peinture. L’image qui en résulte permet à l’artiste de libérer son imagination en interprétant à sa guise les formes obtenues. À la suite d’Oscar Dominguez, Max Ernst applique le principe de la décalcomanie à la peinture à l’huile.
Sélection de décalcomanies surréalistes dans la collection du Musée national d'art moderne
Écriture automatique
Inspirée de la psychanalyse, et surtout de la poésie d’Arthur Rimbaud (Une Saison en enfer, 1873) et de Lautréamont, (Les Chants de Maldoror, 1869) l’écriture automatique consiste à écrire si rapidement que la raison et les idées préconçues n’ont pas le temps d’exercer leur contrôle. Le premier texte issu de cette méthode, Les Champs magnétiques de 1919, a été rédigé par André Breton et Philippe Soupault.
Frottage
Équivalent pictural de l’écriture automatique, le procédé du frottage a été découvert par Max Ernst à l’occasion d’un épisode précis de sa vie, en 1925. En fixant le plancher usé d’une auberge où il séjournait en Bretagne, il décide de relever l’empreinte de cette matière en frottant à la mine de plomb un papier posé sur les lattes de bois. Il étend ensuite ce procédé à d’autres surfaces et publie son premier recueil de frottages, Histoire naturelle, en 1926. Il poursuit cette recherche en utilisant la peinture à l’huile.
Sélection de frottages dans la collection du Musée national d'art moderne
Fumage
Issue de l’automatisme, la technique du fumage a été popularisée par le peintre Wolfgang Paalen. Les impressions sont faites par la fumée d’une bougie ou d’une lampe au kérosène sur un morceau de papier ou de toile. Le premier fumage dicté par une bougie de Paalen est présenté en 1936 à l’Exposition Internationale Surréaliste de Londres.
Grattage
Inventé par Max Ernst en 1927 comme extension du frottage, cette technique consiste à gratter à la lame de rasoir des couches superposées de peinture de différentes couleurs, afin de faire surgir des formes plus ou moins transparentes et chatoyantes.
Objet surréaliste
Après les Ready-made de Marcel Duchamp, André Breton suggère au milieu des années 1920 de fabriquer « certains de ces objets qu’on n’aperçoit qu’en rêve », et « dont le sort paraît infiniment problématique et troublant ». Comme chez Duchamp, il s’agit d’assembler des objets déjà existants et de peu de valeur. Mais contrairement à lui, les surréalistes attendent du nouvel objet qu’il provoque une réaction affective, voire « une émotion sexuelle particulière » selon Salvador Dalí.
Les plus célèbres des objets surréalistes sont dû à Alberto Giacometti, Salvador Dalí, Joan Miró, André Breton, Oscar Dominguez ou encore Man Ray.
Paranoïa-critique
Développée par Salvador Dalí à partir de 1929, la théorie de la paranoïa-critique est une méthode d’interprétation, appliqué non seulement à l’art, mais aussi à la réalité. Son but est de dépasser la perception habituelle jugée trop pauvre, au profit d’une appréhension du réel où il est possible d'accéder à des associations inédites.
Lisez la notice consacrée à Salvador Dalí
Rayogramme
Le procédé du rayogramme a été inventé par Man Ray en 1922. Il s’agit de réaliser des photographies sans appareil, en plaçant des objets sur une plaque sensible que l’on expose à la lumière.
Sélection des rayogrammes de Man Ray dans la collection du Musée national d'art moderne