Vie

Le tournant des années 1920 et 1930 est une période de doute pour Amédée Ozenfant. À la fin de 1930, l’artiste décide de quitter Paris pour une croisière en Méditerranée. Ressourcé par son voyage en Égypte et en Grèce, l’artiste, à son retour, s’attaque à Vie . La toile sera pour lui le manifeste de la vision d’une unité parfaite entre le corps humain, l’esprit et les éléments. Des premières esquisses de 1931, exécutées à Paris, à l’achèvement de la toile en 1938 à Londres, Vie prend une place considérable dans l’œuvre d’Ozenfant. Par la photographie, le peintre saisit chaque étape de sa conception et documente une genèse qui entre en résonance avec le sujet même de l’œuvre. « Le scénario montrera probablement le déroulement de l’Existence, en tant que soumise à la nature : fouillis de vies obéissant au même moment aux mêmes forces principales, symbolisées par les éternelles analogies : matin-naissance-jeunesse, midi-âge fort, soir-vieillesse et la mort, etc. », note l’artiste ( Mémoires, 1886-1962 , Paris, Seghers, 1968, p. 174). Cette pyramide des âges représentant une société sans vide, emboîtée, est en accord avec l’engagement d’Ozenfant, membre, à partir de 1933, de l’Association des Écrivains et Artistes révolutionnaires. Allégorie d’une « solidarité sociale », Vie appartient pleinement aux grandes allégories picturales des années 1930, et doit être reliée au muralisme mexicain contemporain. Entrée dans les collections nationales dès 1938, par un achat de l’État, la toile sera ensuite exposée à la Foire mondiale de New York puis au Chicago Arts Club en 1940, et enfin à l’exposition « Murals by Ozenfant » à la Nierendorf Gallery de New York, en 1941, avant d’être rapatriée après-guerre en France.

Olivier Michelon

Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007