Le peintre et son modèle
1980 - 1981
Le peintre et son modèle
1980 - 1981
Domain | Peinture |
---|---|
Techniques | Caséine et tempera sur toile |
Dimensions | 226,5 x 230,5 cm |
Acquisition | Achat, 1982 |
Inventory no. | AM 1982-3 |
Detailed description
Artist |
Balthus (Balthasar Klossowski de Rola, dit)
(1908, France - 2001, Suisse) |
---|---|
Main title | Le peintre et son modèle |
Creation date | 1980 - 1981 |
Domain | Peinture |
Techniques | Caséine et tempera sur toile |
Dimensions | 226,5 x 230,5 cm |
Inscriptions | MO.D.G.M. : BS/80/81 |
Acquisition | Achat, 1982 |
Collection area | Arts Plastiques - Moderne |
Inventory no. | AM 1982-3 |
Analysis
Tirant le rideau qui occulte la fenêtre, le « peintre » tourne ostensiblement le dos à son « modèle ». Comme toujours chez Balthus, l’apparence du motif – une variation de plus sur un thème fondamental de l’histoire de la peinture – est secrètement liée à son univers particulier et à l’histoire de son propre travail. Le geste du personnage qui laisse entrer la lumière ressemble à celui du gnome étrange qui illuminait brutalement le corps dévoilé de la jeune fille, pour mieux scruter sa nudité dans La Chambre (cat. rais. no P 221, coll. part.), immense toile terminée à Chassy en 1952-1954. Ici, en revanche, l’homme vu de dos, grand et mince, ressemble au peintre, et la scène qui se joue entre les deux personnages est toute différente. Quant à l’adolescente à demi-agenouillée, à demi-penchée sur sa lecture, elle rejoue une pose qui obsède la peinture de Balthus depuis les dessins pour Wuthering Heights (1933-1934), qui reparaît en 1937 (Les Enfants Blanchart , Paris, Musée Picasso), en 1943 (La Patience , Chicago, The Art Institute), et encore dans les années 1960 (dans certaines versions des Trois Sœurs , coll. part.). Jusqu’à l’album ouvert qui occupait de même les jeunes modèles Katia et Michelina dans les années romaines, ou les distrayait des longues séances de pose. La plupart des éléments du tableau visent en fait à reconvoquer Rome et le grand atelier de la Villa Médicis dans le somptueux établissement, un grand chalet très ancien, où Balthus s’est fixé à son retour en 1977-1978. L’une des premières peintes à Rossinière, cette toile est encore italienne : si Balthus a fait poser un nouveau modèle, une jeune voisine suisse (comme en témoigne une étude dessinée), il lui donne ensuite le visage ovale et blanc, les yeux étirés et les boucles dorées des petites vierges de Masolino. Italien aussi, le mur nu, d’une substance admirablement vivante, vibrante, qui forme le sujet principal du tableau.
Une mélancolie certaine se dégage de ce théâtre immobile, sur fond de couleurs délicatement usées, mettant en scène l’étrange relation entre un peintre sans pinceau et sans chevalet, tourné vers l’extérieur, et un modèle dont le statut est tout aussi incertain.
Isabelle Monod-Fontaine
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007