Sans titre
[1960]
Sans titre
[1960]
Domain | Dessin |
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Techniques | Encre de Chine et gouache blanche sur carton beige |
Dimensions | 50 x 65,5 cm |
Acquisition | Donation du Fonds DBC à l'État 1973 |
Inventory no. | AM 1976-530 |
Detailed description
Artist |
Bernard Réquichot
(1929, France - 1961, France) |
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Main title | Sans titre |
Subtitle | Dessin à spirales et fausse écriture |
Creation date | [1960] |
Domain | Dessin |
Techniques | Encre de Chine et gouache blanche sur carton beige |
Dimensions | 50 x 65,5 cm |
Inscriptions | Signé en bas au milieu : REQUICHOT / ATELIER. Non daté |
Acquisition | Donation du Fonds DBC à l'État 1973 |
Collection area | Cabinet d'art graphique |
Inventory no. | AM 1976-530 |
Analysis
Pour Réquichot, le regard d’autrui est un dangereux inquisiteur. Il s’y soustrait tant que possible, sa brève vie durant : « Si certaines trouvailles atteignent un certain degré de gravité il est bon qu’elles se cultivent dans les ténèbres, qu’elles fassent leurs tentatives dans l’occulte, qu’elles se cachent aux yeux de beaucoup, pour que ces regards trop abondants ne les souillent pas comme des rires » (Journal sans dates). Étranger aux autres, Réquichot l’était aussi à lui-même, choisissant comme champ d’expérimentation son propre psychisme, tentant de comprendre le flux des émotions, les rouages de la raison – jusqu’au matin du 4 décembre 1961, où il se jeta par la fenêtre de son atelier, deux jours avant l’ouverture de son exposition à la galerie Daniel Cordier.
Se livrer à corps perdu : dans ses écrits, Réquichot analyse l’état d’abandon absolu qui permet à la sensibilité de se mouvoir. Soumis à la vision qui se forme – « la beauté et le mystère d’une montagne pelée, d’un bois funèbre et rongé ou d’un foie de cheval cancéreux » (lettre du 14 août 1955) –, le regard entraîne tout l’être dans un élan spiralé, allant du « germe », de l’instant rare où naît l’« étonnement » (perception suraiguë, les sens en émoi), jusqu’à l’extase, et à la « dérive » qui s’ensuit (déception, léthargie), « comme une spirale inclinée descend tantôt dans la pénombre et monte aussi en manifeste » (Le spectateur qui rencontre…). La spirale, mouvement perpétuel, alternativement vortex et épiphanie.
Le langage plastique de Réquichot se fixe essentiellement en 1955, repris sans cesse par la suite. La spirale y fait alors son apparition, et demeurera fondamentale dans son œuvre graphique : semblable à des concrétions marines ou à des développements végétaux foisonnants, elle se délite plus tard en signes illisibles, filaments déroulés et flottants des « fausses écritures ». Elle peuple également l’œuvre sculpté – anneaux de métal puis de plastique soudés, formant des ondulations reptiliennes et intestinales. Les collages, réalisés à partir d’éléments identiques répétés, découpés dans des centaines d’exemplaires similaires de magazines de jardinage ou de décoration, procèdent encore selon un système accumulatif rotatif. Roland Barthes écrit qu’ils « conglomèrent » (« ce qu’ils produisent, c’est le glutineux, la poix alimentaire, luxuriante et nauséeuse »), et les rapproche des peintures de l’artiste : « Ses collages sans huile obéissent eux-mêmes au principe de la prolifération liée (celle de la mayonnaise infinie) ; pendant des années, Réquichot accroît ses Reliquaires comme on développe un corps organisé par ingestion lente d’un suc. » Dans La Cocarde. Le Déchet des continents, les corpuscules vibrions qui colonisent la surface établissent de « secrètes correspondances » organiques, psychiques, telles que celles évoquées par Réquichot dans son Journal : « fils de cuivre de l’alchimie électrique fins comme des névroses, obsessions criminelles, crispations d’insectes, […] la culture des bactéries trace des voies lactées ».
Anne Lemonnier
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliography
Donations Daniel Cordier. Le regard d''un amateur : Paris, Centre Georges Pompidou, 14 novembre 1989-21 janvier 1990. - Paris : éd. du Centre Pompidou, 1989 (reprod. coul. p. 405) . N° isbn 2-85850-490-3
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R/B : Roland Barthes : Paris, Centre Georges Pompidou, 27 novembre 2002-10 mars 2003 (cit. et reprod. coul. p. 27) . N° isbn 2-02-056732-6
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Daniel Cordier. Le regard d''un amateur : Donations Daniel Cordier dans les collections du Centre Pompidou Musée national d''art moderne. - Paris/Toulouse : éd. Centre Pompidou/Les Abattoirs, 2005 (nouvelle édition revue et corrigée du catalogue publié par le Centre Pompidou pour l''exposition "Donations Daniel Cordier. Le regard d''un amateur" au Centre Pompidou en 1989-1990, à l''occasion de l''exposition "Merci Daniel Cordier", Toulouse, Les Abattoirs, 28 juin 2005-28 août 2005) (cit. et reprod. coul. p. 305) . N° isbn 2-84426-263-5
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Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 312-313) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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