Primitive Art
1987
Primitive Art
1987
Domain | Dessin |
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Techniques | Gouache, crayon gras et encre de Chine sur papier |
Dimensions | 23 x 31,7 cm |
Acquisition | Achat, 2003 |
Inventory no. | AM 2003-233 |
Detailed description
Artist |
Marlene Dumas
(1953, Afrique du Sud) |
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Main title | Primitive Art |
Creation date | 1987 |
Domain | Dessin |
Techniques | Gouache, crayon gras et encre de Chine sur papier |
Dimensions | 23 x 31,7 cm |
Inscriptions | Signé et daté au crayon en bas à droite : M Dumas / 87 |
Acquisition | Achat, 2003 |
Collection area | Cabinet d'art graphique |
Inventory no. | AM 2003-233 |
Analysis
Les origines sud-africaines de Marlene Dumas, qui s’installe aux Pays-Bas en 1976, déterminent pour une grande part les sujets de son œuvre : la figure humaine, reflet de l’humanité entière, avec ses complexités identitaires, ses ambivalences de caractère, ses forces et faiblesses, son intimité ou plutôt le viol de son intimité. Elle les observe, les scrute, les analyse et les interprète avec une précision acerbe dans ses peintures, mais avec plus d’acuité encore dans ses dessins. Ses moyens sont ostensiblement modestes, classiques : l’encre, le crayon et bientôt l’aquarelle, médium aqueux dont elle exploitera toutes les possibilités de polymorphisme. Son expression, qui s’impose dès les années 1980, ne manquera pas de faire école.
Dans Primitive Art (1987), énième version de L’Origine du monde de Courbet, elle offre sans ambages la vision de face d’un sexe féminin et d’un corps réduit, fortement schématisé et symétrique, tel celui d’une statuette africaine : l’emploi des couleurs de terre, ocre, rouge, noir, comme les graphismes brutaux, maladroits, de craie blanche, qui tatouent le masque du visage ou lacèrent les membres, constituent, non sans ironie, un renvoi aux « arts premiers », tandis que l’amalgame opéré entre chair rose et nue (derrière de babouin) et bas noirs (panoplie féminine occidentale) exprime l’engagement de l’artiste dans le féminisme.
En avril 1989, Marlene Dumas donne le jour à sa fille Helena. C’est le point de départ d’un très important corpus d’œuvres – dessins et peintures – dont les sujets sont la femme enceinte, le fœtus, la naissance et le bébé. Évitant l’écueil de l’émerveillement de la mère devant sa progéniture, elle offre au contraire une vision grinçante, ironique, de la maternité : les femmes enceintes sont de lourds monstres, les fœtus ressemblent à des batraciens, les bébés à des vieillards extraterrestres. Dans The Fœtus Tree (1987-1990), une des compositions les plus ambitieuses de cette période, se déploie un arbre de désolation noir et blanc – véritable Golgotha de l’ère atomique ou inversion morbide du classique arbre de vie ? Il porte d’étranges fruits, des fœtus à des stades de développement différents, baignant dans un magma sanguinolent. Au bas de la feuille se trouve l’inscription « In the winter we decorate the tree of knowledge » [En hiver nous décorons l’arbre de la Connaissance]. Ces fœtus seraient-ils les fruits défendus du jardin du Paradis ?
Jonas Storsve
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliography
Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 455) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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