Madonna I

À partir du début des années 1990, Gursky n’hésite pas à recourir aux techniques informatiques pour retravailler ses photographies. Souvent issue de plusieurs prises de vue, l’image finale vise à rendre la réalité telle qu’elle a pu être perçue par l’artiste, et non pas telle qu’elle est avec ses parasites (une voiture qui passe, un bâtiment qui fait basculer le propos dans un autre registre…). Cette évocation de Madonna fait ainsi cohabiter plusieurs images et diverses interventions réalisées sur ordinateur pour donner à voir, en quelque sorte, la matrice d’un phénomène contemporain : le concert pop dans tous ses excès. La foule immense se mêle aux confettis lâchés dans la salle et aux scintillements dans une confusion saisissante, réduisant les spectateurs à l’état de particules. La chanteuse elle-même n’est qu’une petite silhouette perdue à gauche au bas de la composition. Cette vision cosmique, dans laquelle on ne distingue plus le vrai du faux, et qui fait basculer cette frénésie grandiose dans une agitation dérisoire, offre un remarquable exemple des divers niveaux de lecture à l’œuvre chez Gursky.

Sophie Duplaix

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007