Ubu Imperator
[1923]
Ubu Imperator
[1923]
Founder of the Dada group in Cologne, where he made very personal and disturbing collages, Max Ernst moved to Paris in 1922. There he turned to a sometimes monumental oil-painting that testifies to a marked interest in Freudian psychoanalysis and the imagery of the unconscious.
Ubu Imperator exemplifies this new orientation, originating in a dream the artist recounted in La révolution surréaliste in 1927, and which makes of Ubu a representation of his father. Chief character of a play published by Alfred Jarry in 1896, Ubu is the grotesque embodiment of a supposedly powerful man completely full of himself, ridiculous in his pride.
Domain | Peinture |
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Techniques | Huile sur toile |
Dimensions | 81 x 65 cm |
Acquisition | Don de la Fondation pour la recherche médicale en hommage à Hélène Anavi, 1984 |
Inventory no. | AM 1984-281 |
Detailed description
Artist |
Max Ernst
(1891, Allemagne - 1976, France) |
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Main title | Ubu Imperator |
Creation date | [1923] |
Domain | Peinture |
Techniques | Huile sur toile |
Dimensions | 81 x 65 cm |
Inscriptions | S.B.DR. : max ernst |
Acquisition | Don de la Fondation pour la recherche médicale en hommage à Hélène Anavi, 1984 |
Collection area | Arts Plastiques - Moderne |
Inventory no. | AM 1984-281 |
Analysis
Lorsque Max Ernst se rend à Paris en 1922, il sait qu’André Breton vient d’y proclamer la mort de Dada. À Cologne déjà, il avait fait évoluer sa technique de collages intimistes et grinçants vers des peintures monumentales à l’huile. L’Éléphant Célèbes, Œdipus Rex et Ubu Imperator caractérisent cette orientation nouvelle. Ces œuvres ne font pas que marquer une rupture d’échelle. Elles témoignent d’un investissement accru des tropes freudiens, des images de l’inconscient. Cette orientation s’accorde aux recherches que mènent, autour de Breton, ceux qui pensent déjà à un dépassement de Dada par le surréalisme. L’époque est, pour eux, celle des « sommeils », celle d’un appel concerté aux puissances de l’inconscient. Ubu Imperator (cat. rais. I, n o 631, anc. coll. Paul Eluard, Paul Parisot, Hélène Anavi) interprète un rêve dont Max Ernst fait le récit dans son article « Visions de demi-sommeil » qu’il livre en 1927 à la revue La Révolution surréaliste (n o 9-10, octobre, p. 7). « […] Je reconnais nettement que cet étrange peintre est mon père […]. Avec des efforts effrénés, il fait tourner et bondir autour de mon lit cette abominable toupie qui contient toutes les horreurs que mon père est capable d’éveiller. » La figure d’Ubu, dérisoire incarnation d’un pouvoir ridicule à force d’orgueil et de fatuité, à laquelle Ernst identifie son père, annonce celle du Guillaume Tell de Salvador Dalí qui deviendra, au début des années 1930, l’allégorie du pouvoir universel, décodé à l’aune des thèses de Sigmund Freud (Totem et Tabou, 1913).
Ubu Imperator hérite sa forme hybride et combinatoire des collages réalisés par Max Ernst en puisant dans d’anciennes encyclopédies. Son corps de barrique s’inspire des moules utilisés en fonderie. Il a été interprété comme la résurgence d’une illustration par Mariette du processus de coulage en bronze de la statue équestre de Louis XV par Edme Bouchardon. Allégorie pompeuse du pouvoir absolu, Ubu, à la fois moule et moulage, rejoint la cohorte des « Célibataires » dont Marcel Duchamp avait fait le symbole même de l’outrecuidance, de la lubricité machiste.
Didier Ottinger
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007