Cinema
Duchamp du film
24 Sep - 29 Oct 2014
The event is over
Duchamp du film propose une lecture renouvelée de l’œuvre et de l'influence de Marcel Duchamp sur la création cinématographique moderne et contemporaine en invitant à reconsidérer certaines pratiques expérimentales du film au regard des propositions esthétiques formulées par l’artiste tout au long de sa carrière. Bien qu’il ne soit crédité que d’une seule réalisation, Anemic cinéma (1925-1926), la figure de Marcel Duchamp traverse pourtant l'histoire des avant-gardes cinématographiques des années 1920 et 1930 et l’art américain d’après guerre jusqu’à s’infiltrer dans les productions qui relèvent du cinéma expérimental et du film d'artiste. Conçue par le service de collection des films du Centre Pompidou, cette programmation composée de six séances s’inscrit en complément de l’exposition Marcel Duchamp, la peinture même présentée au musée du 24 septembre 2014 au 15 janvier 2015.
Dès les années 1920, Marcel Duchamp joue un rôle important dans le milieu de la cinématographie avant-gardiste. Ses collaborations avec ses amis artistes tels Man Ray, René Clair ou encore Francis Picabia donnent naissance à quelques unes des œuvres cinématographiques majeures de cette période. Portrait emblématique du milieu Dada à Paris, Entr'acte (1924), réalisé par René Clair partage avec Anemic cinéma – conçu par Marcel Duchamp avec la complicité de Man Ray et de Marc Allégret - une volonté de transgression formelle et de destruction du cinéma narratif chère aux artistes d’avant-garde de cette période. La présence de Marcel Duchamp au sein de ces mouvements artistiques européens trouve un prolongement sur le territoire américain où l’artiste retrouve une autre figure majeure de l’art moderne, Hans Richter, mais également la jeune cinéaste et future icône du cinéma indépendant Maya Deren.
Cité par toute une nouvelle génération d’artistes américains d’après guerre comme la figure de référence, Marcel Duchamp se voit accorder un rôle central au sein des différentes disciplines artistiques des arts visuels (Robert Rauschenberg, Jasper Johns,…) à la danse (Merce Cunningham) en passant par la musique (John Cage). Ce regard nouveau sur l’œuvre de Duchamp se retrouve synthétisé dans la chorégraphie Walkaround Time (1968) de Merce Cunningham filmée en 1973 par le cinéaste Charles Atlas. Inspirés par « Le Grand Verre », œuvre volontairement inachevée et longtemps sous-estimée, le chorégraphe et Jasper Johns, réalisant ici les éléments du décor, replacent cette œuvre majeure de Marcel Duchamp au centre de la scène dans une configuration éclatée transformant l’espace scénique en espace d’exposition et rendant ainsi un ultime hommage au grand maître décédé en 1968.
Si l’influence de Marcel Duchamp sur les avant-gardes cinématographiques et les arts est un fait avéré, la présence de l’artiste dans le champ du cinéma expérimental ne semble pas aussi évidente. La programmation Duchamp du film se propose de redéfinir un certain nombre de pratiques expérimentales du film par le prisme du readymade, objet duchampien par excellence. Expérimentant les effets de résonnances des readymade sur les productions artistiques, remarquablement analysés par Thierry de Duve, trois séances de ce programme déclinent autant d’axes de réflexion autour de la relation du film au readymade. Dans un premier temps, l'objet duchampien appliqué aux pratiques expérimentales du film peut être décliné du point de vue des caractéristiques purement matérielles du support. L’inconscient matériel révélé par certains films (de Materialfilme réalisé en 1976 par Wilhelm et Birgit Hein à URF 16 de Luther Price finalisé en 2006) marque l’effacement du cinéaste au profit des spécificités technologique du médium. Deuxième axe envisagé : la notion de choix (ou opération de sélection). Si les pratiques expérimentales de réemploi d’images préexistantes sont généralement définies par la catégorie du found footage, la sélection des œuvres présentées se concentre sur les gestes d'appropriations d’images trouvées dans lesquels l’intervention se limite strictement à première vue à la sélection et à la présentation de ces objets trouvés (comme dans Perfect Film de Ken Jacobs, 1986 ou encore Works and Days de Hollis Frampton, 1969). Enfin, le dernier volet se focalise sur film-performance à travers un ensemble d’œuvres réinvestissant l’acte de projection comme lieu d’activation du readymade. La banalité déconcertante et l’inutilité productive que le spectateur peut ressentir face à Zen for Film (Nam June Paik, 1962-1964) ou encore zzz : hamburg special (Hans Scheugl, 1968) laissent transparaitre certaines caractéristiques fondamentales de l’anesthésie opérée par les objets duchampiens et renforcent, non sans un certain humour, les déplacements de sens chers à Marcel Duchamp.
Sous la direction de Philippe Alain Michaud
Une proposition de Jonathan Pouthier et Enrico Camporesi
Remerciements : Goethe-Institut de Paris ; Centre National de la Danse / Cinémathèque de la Danse ; Bibliothèque Kandinsky (Paris); Light Cone (Paris) ; Sixpackfilm (Vienne) ; Film-Makers’ Coop (New York) ; LUX (Londres) ; Vilma Gold (Londres) ; Institut National de l’Audiovisuel (INA) ; Erika Balsom, ; les artistes : Charles Atlas ; Morgan Fisher ; Wilhelm Hein ; Bruce McClure ; Luther Price ; Hans Scheugl
When
every wednesdays