Exhibition / Museum
Saâdane Afif
Prix Marcel Duchamp 2009
15 Sep 2010 - 3 Jan 2011
The event is over
Prix Marcel Duchamp 2009, Saâdane Afif s'approprie l'Espace 315, où trône un imposant cercueil. Avec un humour noir qui puise à la célèbre anthologie du même nom écrite par André Breton, Saâdane Afif imagine une installation où le Centre Pompidou devient un sarcophage des utopies.
Prix Marcel Duchamp 2009, Saâdane Afif s'approprie l'Espace 315, où trône un imposant cercueil. Avec un humour noir qui puise à la célèbre anthologie du même nom écrite par André Breton, Saâdane Afif imagine une installation où le Centre Pompidou devient un sarcophage des utopies.
En présentant le travail de Saâdane Afif devant le jury du prix Marcel Duchamp, Zoë Gray (co-commissaire de l'exposition personnelle de Saâdane Afif au Witte De With de Rotterdam en 2008) commence par ces mots : "Son oeuvre allie une simplicité étonnante à une complexité extraordinaire." Faut-il entendre par là que des formes d'un aspect minimal se conjuguent avec une vision conceptuelle beaucoup plus ambitieuse ?
Saâdane Afif s'approprie l'Espace 315, au centre duquel trône un impressionnant cercueil de deux mètres de long. Accompagné d'André Magnin, l'artiste est parti à la recherche d'un artisan capable de réaliser très exactement cette construction en bois selon ses plans. Il a choisi de travailler en collaboration avec l'artisan Kudjo, au Ghana où, depuis des générations, on fabrique, sculpte et peint des cercueils qui revêtent la forme de toutes sortes d'éléments de la vie quotidienne, des voitures jusqu'aux animaux. Le cercueil présenté par Saâdane Afif dans cette installation emprunte de la manière la plus reconnaissable les attributs architecturaux et la structure tubulaire du Centre Pompidou, geste architectural manifeste de la fin des années 1970. Il est accompagné de plusieurs bornes en fonte d'aluminium de forme cylindrique, appartenant elles aussi à l'environnement du musée, reproduites à l'identique de celles qui entourent la Piazza, devant le Centre. Chez Saâdane Afif, la recherche de la figure ou de l'objet, figurative ou abstraite, répond à une méthode dont la finalité est d'accroître la perception. Les bornes à côté du cercueil appartiennent à la sphère sociale - à l'ouverture du Centre Pompidou ; elles délimitent une sorte d'agora donnant la place à la parole. À 'Beaubourg' en 1977, comme à 'l'Odéon' en 1968, la pensée et les attitudes se libéraient dans l'expression de tous. Comme il l'a orchestré précédemment à la galerie Michel Rein dans l'exposition Vice de Forme : In Search of Melodies (octobre 2009), l'artiste transforme l'ordre des choses en faisant appel à des collaborations ; l'interprétation libre et reconnaissable d'une sculpture de Man Ray trouve un prolongement conceptuel dans les chansons et les sonates déclamées par d'autres. Dans une exposition précédente, Saâdane Afif reprend aussi une étagère créée par le designer Ron Arad pour produire une pièce (Pirates Who's Who, 2001). Il fait aussi réaliser des affiches qui apparaissent çà et là comme des éléments constitutifs de la représentation.
C'est au regardeur de faire l'oeuvre, comme le préconisait Duchamp. Aussi, le jour de l'inauguration, autour du cercueil, des textes seront déclamés. Le titre de cette installation, Anthologie de l'humour noir, fait penser au regard ironique et iconoclaste d'André Breton face à l'oeuvre d'art. La mise en scène de Saâdane Afif impose un renversement des rôles, une circulation des idées très singulière, un bouleversement des valeurs. C'est aussi un trait d'humour noir face à l'utopie culturelle du Centre Pompidou.
Par Jean-Pierre Bordaz,
Conservateur au musée national d'art moderne, commissaire de l'exposition
When
11am - 9pm, every days except tuesdays
Where
Partners