Nam June Paik

NAM JUNE PAIK, GLOBAL GROOVE, 1973

Par Pierre Leguillon, artiste.

Avec la complicité de Christine Van Assche et Florence Parot,

service Nouveaux médias du Musée national d’art moderne.

Conférence en lien avec l’exposition Vidéo Vintage, présentée à la Galerie du Musée

jusqu’au 7 mai 2012.

Nam June Paik, artiste d’origine coréenne (Séoul 1932 - Miami 2006), fait des études d’esthétique, de philosophie, mais aussi de musique à Tokyo, où sa famille s’est installée à partir de 1950, puis en Allemagne. En 1961, il rencontre George Maciunas, fondateur de Fluxus, qui l’introduit auprès d’autres membres de cette mouvance dont la préoccupation est de « rapprocher l’art et la vie » : Joseph Beuys, John Cage, Robert Filliou, Allan Kaprow ou George Brecht. Pionnier de l’art vidéo, Paik, avec un esprit contestataire empreint de dérision, s’empare de la télévision en tant qu’objet et machine à fabriquer de l’image.

Global Groove se réfère au concept de « global village » et répond à l’optimisme du célèbre théoricien des médias, Marshall McLuhan, sur l’apport de la télévision. Le générique de l’oeuvre introduit le concept de Global Groove : « C’est un aperçu d’un monde nouveau, d’une époque où vous pourrez sélectionner chacune des chaînes de télévision du monde et où les programmes de télévision seront aussi épais que le bottin téléphonique de Manhattan. » La suite de la vidéo est structurée comme un flux de séquences où Paik fait cohabiter des éléments disparates : des fragments d’émissions télévisuelles de différents pays du monde, des extraits d’interview des artistes qu’il côtoyait à l’époque, des captations de performances musicales… Dans chaque séquence, soit par l’intermédiaire des synthétiseurs qui ont été conçus par l’artiste, soit par l’effet qu’un aimant rapproché produit sur le tube cathodique des téléviseurs, l’image est constamment déformée, les couleurs saturées, les formes dénaturées. Global Groove est certainement la bande vidéo la plus connue de Nam June Paik, qui annonce la globalisation et qui dénonce l’instrumentalisation des médias par et pour le marché.

Pierre Leguillon est né en 1969, il vit et travaille à Paris. Le Mamco à Genève lui a consacré une exposition en 2010 : Danse libre. Il a récemment présenté Non-Happening after Ad Reinhardt, où il projette les diapositives du peintre américain, à La Maison Rouge à Paris, à la Kadist Foundation à San Francisco, à Raven Row à Londres, à la galerie Murray Guy à New York et à l’ERG à Bruxelles. Son projet la « Promesse de l’écran » s’est installé au Musée de l’Elysée à Lausanne, chez Coco à Vienne, et à Paris, au Palais de Chaillot durant la Fiac et au Grand Palais, dans le cadre de Paris Photo. En 2009, Pierre Leguillon a produit au Centre Pompidou « La Promesse de l’écran. Nouveaux médias, mon oeil », un événement autour des nouveaux médias et du vintage. La même année il présente le « Teatrino Palermo » dans le cadre de la première édition du Nouveau festival du Centre Pompidou.

Son exposition « Diane Arbus : rétrospective imprimée, 1960/1971 » est actuellement présentée à Mercer Union à Toronto (pour sa septième itinérance). En 2012, débute le projet La Grande Évasion, produit par le Musée de la Danse à Rennes (dir. Boris Charmatz), à partir d’une collection de photographies constituée pour ce musée, et mise en libre circulation sur Flickr (http://www.flickr.com/photos/lagrandeevasion). La Grande Évasion fait également l’objet d’un « tableau vivant », évoluant sur scène, pendant plus d’une heure, et mis en lumière par Yves Godin. Pierre Leguillon est représenté par Motive Gallery à Amsterdam, et enseigne à la HEAD à Genève.