Debate / Meeting
Les patiences exemplaires de Victor Erice et Abbas Kiarostami
Questions de cinéma
08 Dec 2007
The event is over
On essayera de réfléchir à l'idée de correspondances - le titre même de l'exposition - et aux multiples déclinaisons du mot. D'abord, les correspondances bien réelles qu'ont échangées les deux cinéastes sous forme de lettres vidéo ; enfin, les affinités, les signes et les objets communs, un rapport au temps et à l'enfance, une façon d'être dans le cinéma.
Au coeur de cette nouvelle séance des « questions de cinéma » dédiée à Erice et Kiarostami, on essayera de réfléchir à l'idée de correspondances - le titre même de l'exposition - et aux sens multiples du mot. La première déclinaison renvoie aux correspondances bien réelles qu'ont échangées les deux cinéastes sous forme de lettres vidéo. Cet événement cinématographique unique appelle le questionnement. Quel statut, quel sens donner à cette utilisation du mode épistolaire, à la fois public et intime ? Quelle oeuvre nouvelle en chantier ?
Et, après l'échange, la mise en relation fait apparaître des affinités, des signes et des objets communs, un rapport au temps et à l'enfance, une façon d'être dans le cinéma. Enfin, pour chacun, la confrontation avec d'autres disciplines s'avère essentielle : la photographie pour Kiarostami, la peinture d'Antonio Garcia Lopez pour Erice. Autres correspondances, autres réciprocités qui mettent en jeu le regard.
Car filmer et regarder se confondent ; l'attente et l'attention permettent la découverte frontale du monde, son patient dévoilement que la rigueur du cadre définit. Comment le regard fait-il corps avec le paysage ? Comment filmer le mouvement et la route, le chemin, l'arbre, la lumière ou le tableau ? Et surtout comment et à quelle distance témoigner du monde ?
Or, cette mise à distance autorise une place pour le spectateur. On se rappelle cette scène de « L'Esprit de la ruche » de Victor Erice. La petite Ana assiste terrorisée à la projection du film de James Whale, Frankenstein . Erice met en scène la « première » spectatrice, le « premier » film, sous le signe de la peur, de la sidération. C'est par l'enfant qu'on voit le film et le monde. Si le souvenir est autobiographique (l'enfant découvre la violence et la peur de mourir par le cinéma), il est constitutif. Jean-Louis Schefer décrivait cette emprise dans son livre « L'homme ordinaire du cinéma ».
D'une autre manière, Kiarostami choisit lui d'inclure le spectateur dans le processus même de la création ; c'est un parti-pris moral, une décision et un projet. On le cite : « Je crois à un cinéma qui donne plus de possibilités et de temps à son spectateur. Un cinéma mi-fabriqué, un cinéma inachevé qui se complète avec l'esprit créatif du spectateur. » « Il faut savoir aussi qu'une histoire doit avoir des trous, des cases vides, comme dans les mots croisés, et que c'est au spectateur de les combler ». Et il conclut : « Il faut que le réalisateur soit aussi le spectateur de son propre film ».
Cette rencontre accueille celles et ceux qui étudient leur cinématographie respective.
When
2:30pm - 7pm