Cinema
Lucrecia Martel
Le cinéma hors de lui
14 Nov - 1 Dec 2024
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Sur le tournage de « Zama », par Valeria Fiorini - © Rei Pictures - Graphisme © Centre Pompidou, direction de la communication et du numérique.
Verre brisé, chaises qui râclent la pierre, eau saumâtre : les bruits, la fureur et l’abandon ont occupé l’entièreté des cadres chez Lucrecia Martel dès son premier long métrage, La Ciénaga, sorti en salle en 2001 après avoir marqué les festivals de Sundance et de Berlin. Depuis, la cinéaste argentine tient une place unique sur la carte mondiale du cinéma.
Sur le tournage de « Zama », par Valeria Fiorini - © Rei Pictures - Graphisme © Centre Pompidou, direction de la communication et du numérique.
Suivront La ninã santa (La Sainte Fille), en 2004, puis La Femme sans tête (La mujer sin cabeza), en 2008, tous deux sélectionnés au festival de Cannes, après avoir été tournés à quelques kilomètres de la maison de famille de la cinéaste. Dans cette « trilogie de Salta » – du nom de la province rurale et conservatrice, au nord du pays, où la cinéaste a grandi dans l’Argentine de la fin des années 1960, au sein d’une famille nombreuse – Lucrecia Martel installe ses histoires dans les lieux de son enfance pour mieux en démasquer les désordres, familiaux, sociaux, politiques. Cette œuvre organique, tendue sans cesse entre le manque et l’excès, dans laquelle le travail sonore relève de l’orfèvrerie, est composée à ce jour de plus de dix courts métrages et quatre longs métrages, dont le dernier qui nous soit parvenu est Zama, en 2018. Explosent en son sein toutes les questions qui traversent aujourd’hui le travail de Martel, la colonisation, le déni, le collectif, la reformulation indispensable des récits majoritaires.
Alors que Lucrecia Martel travaille à son cinquième long métrage, le documentaire Chocobar – du nom du militant autochtone pour le droit à la terre, assassiné en 2009 – la rétrospective que le Centre Pompidou consacre aux films de la cinéaste est l’occasion de (re)voir ses images. C’est à la fois une fête et une nécessité. Lucrecia Martel présente chacun de ses films en présence d’invité·es – la chanteuse et comédienne Julieta Laso, qui donne elle-même un récital inédit, l’inoubliable actrice de La Ciénaga et de La niña santa, Mercedes Morán, ou encore l’ingénieur du son Emmanuel Croset – elle propose une séance carte blanche et donne une masterclasse. En parallèle est publié le premier ouvrage en français consacré à son travail, Lucrecia Martel – La Circulation (éditions de l’Œil, en partenariat avec les éditions du Centre Pompidou), dirigé par Luc Chessel et Amélie Galli, composé d’un grand entretien, de documents de travail et de textes inédits. Écoutons ensemble la voix puissante et rare de Lucrecia Martel, déplions avec elle les grands récits de l’histoire argentine que son cinéma ne cesse d’interroger.
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Sur le tournage de Zama, par Valeria Fiorini
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