Salvador Dalí
Dormeuse, cheval, lion invisibles, 1930
Récemment, au travers d’un processus nettement paranoïaque, j’ai obtenu l’image d’une femme dont la position, les ombres et la morphologie, sans altérer ou déformer en rien son aspect réel, sont en même temps un cheval.
Salvador Dalí*
Une série de six dessins préparatoires a permis à Dalí de définir la forme définitive de Dormeuse, cheval, lion invisibles. Par adjonctions successives de détails graphiques, une femme couchée s’y voit métamorphosée en lion, un lion se transforme en cheval suivant le principe dalinien de l’image double. Cette œuvre est marquée par les recherches de Dalí autour de la paranoïa-critique qu’il développe à partir de 1929. Une méthode qui combine deux aspects : une phase « paranoïaque » où l’artiste trouve des associations d’idées inédites et irrationnelles et une phase « critique » d’interprétation des images produites. Son but est de dépasser la perception habituelle jugée trop pauvre, au profit d’une appréhension du réel démultipliée. Ici, Salvador Dalí propose une interprétation délirante du monde et de ses obsessions tel que le perçoit son esprit. Exposé dans le foyer du Studio 28 à Paris pendant la projection de L’Âge d’or, second film que Dalí réalise avec Luis Buñuel, ce tableau est lacéré par les membres de la Ligue des Patriotes et de la Ligue antisémite, le 3 décembre 1930.
Salvador Dalí en 7 dates
1904 Naît à Figueras, Espagne
1922 Étudie les Beaux-arts à Madrid
1927-1928 Écrit le scénario du Chien Andalou de Luis Buñuel
1929 Rejoint les surréalistes et épouse Gala
1934 Exclu par André Breton du groupe des surréalistes
1936-1948 Vit aux États-Unis
1974 Ouvre le musée Dalí à Figueras
1989 Meurt à Figueras
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Salvador Dali : « Le surréalisme, c'est moi »
Durée : 6 min 47 sec
Podcast
Un podcast, une œuvre : Art et thérapie
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« Guillaume Tell, c’est mon père ! », déclare Dalí en 1974. Fortement inspiré par la psychanalyse, notamment par le concept freudien du complexe d’Œdipe, Dalí peint une œuvre autobiographique et représente son père comme la figure de l’autorité castratrice. Grâce à son procédé de création artistique, la « paranoïa-critique », le peintre met à jour son inconscient, à travers des symboles fantasmagoriques, multiples et libres d’interprétation.
Durée : 19 min.
Écriture et réalisation : Elsa Daynac
Habillage musical : Nawel Ben Kraiem et Nassim Kouti
Lectures : Benjamin Bécasse et Maxime Fraisse
Intervenants : Caroline Barbier de Reulle et Patrick Merot
Extraits musicaux : Serge Gainsbourg, Claude Nougaro, Philippe Katerine et Thiéfaine
*Salvador Dalí, conférence « Position sociale du surréalisme », donnée à l’Ateneu de Barcelone, le 22 mars 1930