Le féminisme n'a jamais tué personne !
Fin 2017, le scandale de l’affaire Weinstein, du nom de ce producteur américain tout-puissant accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles, a eu un retentissement planétaire. À travers les réseaux sociaux, grâce au hashtag #MeToo, et en France #BalanceTonPorc, de nombreuses femmes à travers le monde ont témoigné des faits de violences sexuelles dont elles étaient les victimes au quotidien. Si on assiste ainsi à une véritable libération de la parole, en particulier celles des anonymes, c’est aussi et surtout une libération de l’écoute face à ces problèmes, qui change considérablement la résonance du mouvement. Car la dénonciation des crimes et délits sexuels perpétrés chaque jour par des hommes ne date pas de 2017, loin de là. Cet événement a par ailleurs fait prendre conscience plus globalement que la société était en partie organisée selon un principe de domination masculine.
Depuis cet événement, tout est-il résolu ? Difficile de croire que l’égalité entre hommes et femmes se soit imposée partout, ou que les problèmes de domination soient réglés pour toutes les femmes, quels que soient leurs origines et leurs parcours sociaux. Des combats restent à mener, mais comment porter la parole féministe ?
Les violences sexistes restent un sujet central et récurrent des luttes féministes, les femmes dénonçant, au-delà de chaque cas particulier, un problème systémique lié à une culture du viol. Où en sommes-nous de la lutte contre ce fléau, comment en rendre compte et comment le dénoncer ? De même, le vécu des femmes n’est pas le même selon leurs origines sociales ou géographiques, leur couleur de peau, leurs orientations sexuelles… L’intersectionnalité permet de décrypter les effets cumulatifs de dominations croisées qui entravent lourdement un parcours éducatif, professionnel, artistique, médical ou la simple vie quotidienne. Par ailleurs, de nombreux tabous concernant le corps des femmes empêchent encore d’en parler librement, comme ce peut être le cas dans les cours d’éducation sexuelle dispensés à l’école, alors qu’il s’agit d’une étape décisive pour la construction de l’identité. Sont particulièrement concernées la question des règles, mais aussi celle du clitoris, de la masturbation féminine… Nombreuses sont les activistes à s'être emparées de ces sujets pour les traiter et les expliquer de manière ouverte, pédagogique et ludique à travers blogs, comptes Instagram ou podcasts.
Le cycle de rencontres organisé par la Bibliothèque publique d’information aborde tous ces sujets, et bien d’autres (le regard masculin, la féminisation du langage ) en donnant la parole à celles qui les portent. Chercheuses, militantes, autrices, journalistes viendront toutes témoigner de leurs actions, de leurs travaux et de leurs engagements. ◼
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« La marche des salopes », à Paris le 28 septembre 2013
Photo © Marianne Fenon