Thème jardin
[1920]
Thème jardin
[1920]
Domain | Dessin |
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Techniques | Mine graphite, aquarelle, gouache sur papier |
Dimensions | 37,5 x 53,7 cm |
Acquisition | Achat, 1976 |
Inventory no. | AM 1976-17 |
Detailed description
Artist |
Natalia Gontcharova
(1881, Empire Russe - 1962, France) |
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Main title | Thème jardin |
Former title | Le Printemps 1911 |
Creation date | [1920] |
Domain | Dessin |
Techniques | Mine graphite, aquarelle, gouache sur papier |
Dimensions | 37,5 x 53,7 cm |
Inscriptions | S.N.B. : N. Gontcharova // n 1 |
Acquisition | Achat, 1976 |
Collection area | Cabinet d'art graphique |
Inventory no. | AM 1976-17 |
Analysis
Envoyée par Natalia Gontcharova à Vassili Kandinsky à l’occasion de la deuxième exposition de la rédaction du Cavalier bleu (Munich, février-mars 1912), la gouache Bûcherons fait figure de manifeste du néo-primitivisme russe. Si le dessin arbore une facture naïve et presque enfantine, l’organisation spatiale se réfère aux figures compartimentées des décors du premier art chrétien. La couleur, traitée comme une teinte d’ensemble, joue de la polarité chaud/froid du vermillon et du magenta, jusqu’à des nuances violacées, pour rayonner d’une pleine dissonance. Gontcharova transfigure cette scène ordinaire en une allégorie des âges de la vie : méditatif, le bûcheron âgé se tient replié, tandis qu’une énergique empathie unit le jeune bûcheron et l’arbre central, qui ploie sous ses coups comme s’il entrait avec lui dans une danse. « Don et labeur. Don du labeur. Labeur du don » sont les mots par lesquels la poétesse Marina Tsvetaïeva dit pouvoir résumer « Gontcharova tout entière ». Ils éclairent avec une juste économie l’attention qu’elle porte à l’humble et vigoureuse beauté du travail quotidien – auquel celui de l’artiste est assimilé –, et qu’on retrouvera également chez Malevitch, à compter de ses œuvres néoprimitivistes de 1911.
Née d’un père architecte, et formée comme sculptrice à Moscou, Gontcharova trouve en 1908 sa voie en tant que peintre, en se faisant l’observatrice de sujets ruraux. Les yeux tournés vers Gauguin et les Fauves, puis le cubisme, elle est la première à associer progressivement à cette iconographie une forme tout en contours et texture, décrite par elle, dès 1910, comme « forme concrète, clarté sculpturale et ligne simplifiée, profondeur et non pas brillance de la couleur » (Stolitchnaia molva [La Rumeur de la capitale], nº 115, 5 avril 1910). La revendication identitaire « provinciale » qu’avec Mikhaïl Larionov elle oppose à la culture raffinée du symbolisme plonge aux racines orientales du terroir russe, à ses yeux « la source première de tous les arts » (avant-propos à l’« Exposition des peintures de Natalia Gontcharova 1900-1913 », Salon d’art, Moscou, 1913). Appliquée à des sujets religieux, cette facture jugée « barbare » lui vaut, lors d’expositions publiques entre 1910 et 1914, la confiscation pure et simple de plusieurs de ses œuvres. L’ensemble de lithographies qu’elle réalise en 1912 pour le recueil Poustynniki [Les Ermites], sa seconde et dernière collaboration avec le poète transmental Alexej Kruchenykh, éditée au début de 1913, est un exemple de sa lecture subjective de la foi chrétienne. Alliant force et légèreté, le graphisme et la mise en page composent librement avec le texte autant qu’avec les références religieuses. Dans une évocation animiste de la nature, d’où sourdent un bestiaire fantastique et un répertoire intime d’allégories, l’artiste évoque, comme pour elle-même, la tentation de l’ascèse.
Gontcharova et Larionov, parallèlement à Stravinsky dans la création musicale, représentent en Occident la synthèse entre une forme moderne et l’énergie vivifiante d’un folklore archaïque. Actifs dans l’entourage de Serge Diaghilev dès l’organisation par ce dernier de la Section russe du Salon d’automne de 1906, ils prennent une grande part à la renaissance plastique et visuelle de la scène dans le cadre des Ballets russes. Thème Jardin est une esquisse pour un décor de scène réalisé au début des années 1920, peut-être pour Les Noces de Stravinsky, créées en 1923 sur une chorégraphie de Bronislava Nijinska.
Marcella Lista
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliography
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L''Arte delle donne : Dal Rinascimento al Surrealismo : Milan, Palazzo Reale, 5 décembre 2007-9 mars 2008.- Milan, Federico Motta Editore, 2007 (cit. et reprod. p. 204)
Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 46) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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L''âme primitive : Paris, Musée Zadkine, 29 septembre 2021-27 février 2022. - Paris : Editions Paris Musées, 2021 (reprod. coul. p. 21) . N° isbn 978-2-7596-0513-2
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